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Dans les entreprises
Air France : la direction ne cède rien, la grève continue
Les 17 et 18 avril ont été de nouveaux jours de grève à Air France. Le 17 par exemple, seuls 55 % de ses vols long-courriers ont pu être assurés. Et pour cause : malgré le bluff des jours précédents sur ses prétendues avancées, la direction de la compagnie ne cède rien, comme ses salariés le découvrent chaque jour un peu plus.
Les 2 % de hausse des salaires (au lieu du 1 % initialement avancé) que la direction a proposés ne sont qu’un à-valoir sur… les 5 % d’augmentation qu’elle a budgétisés sur les trois ans à venir. Un chiffre déjà bien bas, mais qu’elle pourrait encore réduire « dans le cas où le résultat d’exploitation d’Air France serait inférieur à 200 millions ». Et quand la direction annonce aux syndicats qu’ils ont jusqu’au 20 avril pour approuver ses propositions, elle n’insiste pas sur la clause antigrève qui en fait partie.
Malgré cela, l’intersyndicale, qui réunit dix syndicats d’Air France ayant appelé à faire grève pour 6 % d’augmentation de salaire, dit « avoir fait un effort » en en rabattant sur ce chiffre. Alors que ces 6 % correspondent à peine à ce dont la compagnie a privé ses employés en six ans de gel salarial, l’intersyndicale a repris l’indice Insee, que la direction brandissait, pour ne plus réclamer que 5,1 % de hausse.
Résultat ? La direction a encore refusé. Pour elle, c’est toujours trop car elle ne veut rien céder. La preuve : selon ses propres calculs, la grève lui aurait déjà fait perdre 220 millions, soit presque autant que ce qu’il lui coûterait d’augmenter le personnel de 6 % : 260 millions.
Pour le PDG du groupe, Janaillac, et la ministre du Travail, Pénicaud, « il n’est pas responsable de réclamer 6 % ». Mais les mêmes trouvent tout naturel que Janaillac tourne à plus d’un million d’euros de salaire annuel et que les membres du conseil d’administration se soient octroyé 28 % de mieux l’an dernier. Et ces gens-là voudraient que les salariés d’Air France se satisfassent d’une augmentation de 6 %, que le président du principal syndicat de pilotes juge d’ailleurs « totalement indécente » !
En fait, si la direction de la compagnie a jeté un petit peu de lest avec 1 % de mieux, cela reste loin des 6 %. Mais cela montre aussi comment les obtenir : car ce geste, aussi limité soit-il, la direction d’Air France ne l’aurait pas fait sans y être contrainte par la grève. Pour l’heure, la pression n’a pas suffi pour qu’elle cède. Les travailleurs devront donc être plus nombreux, pour peser encore plus fort lors des prochaines journées de grève, les 23 et 24 avril.