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Inde : la police à la rescousse des pollueurs
Au moins treize manifestants ont été tués par la police dans la ville portuaire de Tuticorin dans le sud de l’Inde, les 22 et 23 mai, alors qu’ils protestaient contre la pollution de l’air et de l’eau engendrée par une fonderie de cuivre.
La fonderie appartient à Sterlite, filiale du géant minier Vedanta coté à la Bourse de Londres et contrôlé par le milliardaire indien Anil Agarwal, qui s’est dit « attristé » par ce « malheureux incident ». Il se trouve qu’au moment même où se produisait la tuerie, Vedanta annonçait avoir réalisé un résultat d’exploitation de 4,1 milliards de dollars, en progression annuelle de 27 %.
La fonderie de cuivre de Tuticorin suscite l’opposition de la population depuis son ouverture en 1996 à cause des maladies qui se multiplient, des cas de fausses couches et de cancers, parmi les 500 000 personnes habitant à moins de dix kilomètres. En 2013, la Cour suprême a condamné Sterlite Industries à une amende de l’équivalent de 12,5 millions d’euros pour avoir dégradé l’environnement entre 1997 et 2012 et fait fonctionner l’usine pendant une longue période sans licence de renouvellement. Mais la population, à juste titre, dénonce la complaisance des autorités. Il faut dire que Vedanta a été condamné en 2014 pour avoir versé plus d’un million d’euros au parti du BJP, au pouvoir en Inde, et à celui du Congrès, dans l’opposition.
Le mouvement s’est intensifié après que Sterlite a annoncé sa volonté de doubler ses capacités de production. Agarwal attendait le feu vert du gouvernement et de la justice pour rouvrir la fonderie en maintenance, mais ce dernier a préféré fermer l’usine. Dans ce pays que Macron, en voyage d’affaires en Inde en mars dernier, a qualifié de « plus grande démocratie du monde », l’État reste cependant le défenseur sans pitié des intérêts des grands groupes industriels.