Pour Macron, il y a trop pour les pauvres, jamais assez pour les riches !20/06/20182018Journal/medias/journalarticle/images/2018/06/P3_aides-sociales-Ocelot_finalise.jpg.420x236_q85_box-0%2C45%2C385%2C261_crop_detail.jpg

Editorial

Pour Macron, il y a trop pour les pauvres, jamais assez pour les riches !

Illustration - Pour Macron, il y a trop pour les pauvres, jamais assez pour les riches !

« On met un pognon de dingue dans les minima sociaux et les pauvres ne s’en sortent pas. » La sortie de Macron, transmise par son service de communication, est volontairement grossière et provocatrice, quand on sait que Macron n’a pas lésiné sur le « pognon » pour arroser les plus riches.

C’est un pied de nez à tous ceux qui, dans son propre camp, lui demandaient une politique plus sociale, et un encouragement pour ceux qui n’ont que mépris pour les travailleurs. Pour tous ceux qui ne l’avaient pas encore compris, la politique de Macron est et restera une politique antiouvrière.

Macron part de banalités que tout le monde peut constater. Oui, la pauvreté et le chômage se développent malgré les aides sociales. Oui, malgré ces aides, des millions de femmes et d’hommes ont du mal à se soigner ou à se loger. Car aucun dispositif social ne compensera jamais les dégâts engendrés par le système capitaliste. Le capitalisme est une fabrique à inégalités. Pour que la minorité s’enrichisse, la majorité doit être appauvrie, voilà le fonctionnement normal de l’économie !

Carrefour a récemment fait l’actualité car, au moment même où le groupe annonçait la suppression de 2 100 postes, le conseil d’administration arrosait les actionnaires et accordait à l’ex-PDG une rallonge de sa prime de départ. Devant le scandale qui écornait l’image de la marque, celui-ci a dû renoncer à quelques millions, mais part tout de même les poches bien garnies. Et on peut aussi parler de Ford, groupe richissime qui ferme son usine à Blanquefort et veut mettre un millier d’ouvriers sur le carreau. On peut parler de la rapacité de General Electric, qui préfère faire travailler des intérimaires plutôt que tenir sa promesse de créer 1 000 emplois. Ou encore de PSA, qui veut imposer un allongement gratuit du temps de travail, aujourd’hui à l’usine de Vesoul, demain sans doute à tous les ouvriers du groupe.

En visant les plus pauvres, Macron voudrait faire croire que nous sommes dans une société du mérite, où chacun serait libre et maître de ses choix. Nous serions libres de nous éduquer, de nous former, de travailler dans l’emploi de notre choix, et même libres de choisir nos retraites ? Ce sont des fadaises, destinées à tromper les exploités pour les enfoncer toujours plus !

Il n’y a jamais eu et il n’y aura jamais d’égalité des chances dans le cadre du capitalisme. Fondé sur la propriété du capital et la domination de la classe sociale qui monopolise les capitaux, ce système est basé sur l’existence de deux classes sociales aux intérêts opposés. Il y a, d’un côté, cette classe capitaliste qui décide de tout et, de l’autre, le monde du travail qui n’a voix au chapitre sur rien.

Comme Sarkozy en son temps ou Wauquiez qui parle du « cancer de l’assistanat », Macron a le cynisme de renvoyer les chômeurs et les plus pauvres à leur « responsabilité ». Il se permet de faire la leçon aux travailleurs, lui qui a commencé son mandat en renforçant le permis d’exploiter et de licencier du patronat.

Alors, que fera-t-il contre les aides sociales ? Supprimera-t-il les 494 euros par mois de l’allocation de solidarité spécifique versée aux chômeurs en fin de droits ? Remettra-t-il en cause la prime d’activité, qui permet aux salariés enchaînant petits boulots et périodes de chômage de joindre les deux bouts ?

Rien de précis n’est annoncé, mais toute sa politique peut se résumer ainsi : « La pauvreté s’étend ? Arrosons les riches ! » Qu’il s’agisse de la réforme des retraites, de celle des aides sociales ou de celle de l’État, le gouvernement enfoncera plus encore les travailleurs, qu’ils soient en activité, au chômage ou à la retraite.

Parmi les travailleurs, ceux qui ne se résignent pas se demandent ce qui peut déclencher la révolte générale. Les cheminots qui se sont lancés dans le combat se posent la question tous les jours, car ils savent que c’est cela qui peut être décisif pour faire reculer le gouvernement.

Personne ne sait d’où viendra l’étincelle. Du mépris antiouvrier d’un politicien bourgeois comme Macron ? D’un de ces grands patrons qui se payent des dizaines de millions et qui rognent sur la moindre prime ? Le monde du travail peut encaisser les coups longtemps, mais cela ne durera pas éternellement. Un jour ou l’autre, ça explosera.

C’est alors que les travailleurs pourront imposer à cette classe d’exploiteurs leur droit à une existence digne. Et, au-delà, c’est à partir de telles explosions sociales qu’ils pourront poser le problème de leur émancipation collective, c’est-à-dire celui du renversement de la bourgeoisie et de ses valets, pour supprimer l’exploitation de l’homme par l’homme.

Éditorial des bulletins d’entreprise du 18 juin 2018

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