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Leur société
Noyades : des morts qu’on aurait pu éviter
Trois jeunes enfants sont morts noyés, dimanche 8 juillet, dans le lac de Pré Saint-Jean sur la commune de Chalon-sur-Saône. Ces enfants de milieu populaire, comme la plupart des victimes de noyades, ne savaient pas nager.
Entre le 1er juin et le 5 juillet, 121 personnes sont mortes de cette manière soit trois victimes par jour. Mais comme le dénonce le secrétaire général adjoint du Syndicat national des maîtres-nageurs sauveteurs : « Ce sont toujours les pauvres qui payent le plus lourd tribut en cas de noyade. À Neuilly-sur-Seine ou dans le 16e à Paris, croyez-moi, tous les gamins savent nager à 8 ans ! Alors qu’à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), où je travaille, seuls les enfants des écoles privées sont dans ce cas. La barrière sociale est réelle. »
À l’heure où la Seine-Saint-Denis est célébrée pour avoir donné un Mbappé au foot, force est de constater que c’est aussi l’un des départements les plus déficitaires en équipements sportifs et en particulier en piscines : on y compte 0,55 bassin pour 10 000 habitants contre 0,94 à l’échelle nationale. Et dans de nombreuses communes, le prix de la piscine et des cours de natation dissuade les parents d’y envoyer leurs enfants. L’Éducation nationale, qui devrait remédier à cette inégalité, peine à le faire dans les zones populaires ou rurales, faute d’équipements et d’encadrants.
60 à 70 % des collèges n’emmènent leurs élèves à la piscine qu’en sixième et ne le font plus après. Du coup, la plupart des enfants n’apprennent que des rudiments de natation. En Seine-Saint-Denis, 60 % des habitants, adultes compris, ne savent pas nager. Ils seraient 90 % à Saint-Denis même. Beaucoup de noyades pourraient sans doute être évitées, si l’État donnait réellement à tous la possibilité d’apprendre à nager.