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Dans les entreprises
Accidents du travail : une aggravation masquée
Selon une enquête de l’Insee publiée le 15 novembre, 26 % des travailleurs déclarent avoir été victimes d’un accident du travail pendant leur vie professionnelle, et la proportion s’élève à 40 % parmi les ouvriers.
L’année dernière, 632 918 accidents du travail ont été enregistrés, en hausse de 1,1 % par rapport à l’année précédente, parmi lesquels 530 ont été mortels. Il faut ajouter 92 741 accidents survenus lors du trajet pour se rendre sur le lieu de travail (+ 4,3 %), dont 264 mortels.
Ces bilans ne prennent en compte que les accidents du travail déclarés à l’employeur et acceptés par l’Assurance maladie. Or il est de notoriété publique que bien des grandes entreprises ne déclarent pas la totalité des accidents de travail, de façon à réduire leurs cotisations dont le montant dépend en partie du nombre de déclarations.
Cette fraude est reconnue officiellement car, chaque année depuis 1997, la caisse des accidents du travail et des maladies professionnelles reverse à l’Assurance maladie, à titre de compensation, une somme dont le montant est fixé dans la loi de financement de la Sécurité sociale. Ce versement, qui était de 410 millions d’euros en 2008, est passé à un milliard d’euros depuis 2015.
Le patronat cherche évidemment à payer le moins possible à ce titre. Et pour cela, il s’efforce de réduire les accidents du travail... dans les statistiques. Ce qui se traduit par des pressions de plus en plus fortes pour que les travailleurs ne les déclarent pas, en allant de la menace d’être mis à la porte à la proposition d’un poste adapté en échange de l’acceptation d’être mis en arrêt maladie. La pression s’exerce particulièrement sur les travailleurs en emplois précaires, qui sont très souvent victimes d’accidents parce qu’ils sont mis sur des postes sans avoir reçu la formation nécessaire.
Déclarés ou non, les accidents du travail sont la conséquence de l’aggravation de l’exploitation engendrée par la course au profit.