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Dans le monde
Arabie saoudite : la dictature enferme, torture, assassine
À l’heure où le prince héritier du royaume d’Arabie saoudite commence des visites aux chefs d’État, dans le but de tourner la page sur le meurtre par ses barbouzes du journaliste Khashoggi à Istanbul, l’ONG Amnesty international lance l’alerte sur les conditions de détention des militantes féministes saoudiennes, comme d’ailleurs d’autres opposants au régime.
Le prince Mohamed ben Salman, dit MBS, dans le cadre de la propagande visant à se dessiner une image de réformateur, avait au printemps dernier annoncé que les femmes auraient désormais le droit de conduire une voiture et de s’asseoir sur les gradins des stades pour assister à des matches.
Au même moment, le régime lançait une vague de répression contre les militantes féministes dont une dizaine étaient arrêtées. La plupart d’entre elles sont encore détenues, sans qu’aucune charge soit officiellement retenue, à la prison de Dhaban près de Jeddah, sur la côte occidentale de la péninsule arabique. L’ONG dénonce les tortures, flagellations et violences sexuelles dont elles sont victimes. Sur la côte opposée, à Qatif dans la région chiite, Israa al-Ghomgham, une autre opposante, risque toujours la mort par décapitation.
Le régime s’en prend à celles qui ont manifesté pour les droits des femmes et contre le système patriarcal oppresseur, qui protestent, sur Internet ou les réseaux sociaux, contre sa dictature sur les femmes, sur les opposants, les travailleurs étrangers avec ou sans papiers. Des centaines voire des milliers sont emprisonnés dans les geôles, battus, torturés et risquent la décapitation. Depuis plus de dix ans, Raïf Badawi, blogueur opposant, est détenu et fouetté chaque vendredi.
Sans même avoir été connue comme opposante, une domestique indonésienne a été décapitée il y a peu, coupable de s’être rebellée contre les viols à répétition infligés par le père de son employeur, et de l’avoir, en état de légitime défense, tué avec un bâton. Elle était une personne parmi le million et demi de travailleurs indonésiens exploités par les richissimes familles saoudiennes et la plupart du temps soumis à des mauvais traitements. Par ailleurs, des centaines de milliers de travailleurs yéménites ont eux aussi constitué une réserve de main-d’œuvre bon marché, avant de servir de boucs émissaires, le chômage augmentant, dans le cadre de la guerre menée à leur pays. Depuis 2017, le prince MBS a présidé à l’expulsion de cent mille d’entre eux.
Quand MBS, après être allé investir 16 milliards de dollars auprès du dictateur égyptien al-Sissi, a poursuivi sa tournée à Tunis, il a été accueilli par des manifestants hostiles. Mais le président Essebsi, lui, l’a reçu avec les égards dus à ses milliards et son pétrole à prix d’ami. La même indulgence décomplexée lui est aussi réservée par les grandes puissances et leurs marchands d’armement, par les Trump et les Macron complices de MBS.