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Dans les entreprises
PSA : des milliards de profits issus du vol du travail ouvrier
Le groupe PSA a annoncé des bénéfices net, pour les six premiers mois de l’année 2019, atteignant 2,048 milliards d’euros, contre 1,7 milliard au premier semestre 2018. Ce n’est pas une explosion des ventes de voitures qui explique cette forte croissance, au contraire, mais une forte aggravation de l’exploitation des travailleurs du groupe.
Ces dernières semaines, les constructeurs automobiles ont beaucoup communiqué sur la baisse des ventes dans le monde. Ils voudraient faire pleurer avec ces chiffres, en omettant de dire que, si ce marché diminue un peu cette année, c’est après avoir beaucoup augmenté auparavant. Il y avait 60 millions de véhicules légers vendus (toutes marques confondues) en 2009, au plus fort de la crise, contre plus de 95 millions en 2018. Et, si on remonte aux années 1990, le marché dépassait à peine les 50 millions. Alors, la baisse cette année est à relativiser, d’autant plus que les capitalistes savent parfaitement protéger leurs profits des faibles aléas du marché.
D’ailleurs, si les ventes mondiales chutent de 13 % pour le groupe PSA cette année, les bénéfices, eux, ont augmenté de 20 %. Bien sûr, pour réaliser leurs profits, les actionnaires des trusts de l’automobile ont besoin que les voitures produites soient vendues. Mais ces profits sont bien plus liés à la productivité des ouvriers qu’à la quantité absolue de voitures vendues. Cette productivité n’a cessé de croître durant toutes ces années où les ventes de voitures augmentaient… et où le nombre de travailleurs s’échinant à les fabriquer diminuait !
Dans le jargon des patrons, l’indicateur le plus important est celui qui mesure, non pas seulement les bénéfices, mais ces bénéfices rapportés aux investissements, autrement dit la rentabilité de l’entreprise. Cette marge opérationnelle courante a connu une hausse fulgurante chez PSA. De 3 à 4 % dans le début des années 2000, elle a, en 2019, atteint 8,7 %, un niveau record, expliquent-ils tous. Et cela s’est fait avec la peau des travailleurs.
Depuis 2013, PSA a fermé des usines ou prévoit de le faire à court terme (Aulnay, La Garenne-Colombes, Saint-Ouen et Hérimoncourt). Le patron a aussi détruit près de 30 000 emplois en CDI. Les chaînes de production sont donc de plus en plus constituées avec des travailleurs intérimaires soumis aux diktats des chefs, dont les fiches de paie sont régulièrement erronées, à qui on impose encore plus les heures supplémentaires et les samedis travaillés.
Au nom de difficultés totalement inventées, la direction de PSA a imposé de très nombreux sacrifices aux travailleurs par le biais de deux accords de compétitivité. Cela s’est traduit par des mesures de gel des salaires, les heures supplémentaires moins rémunérées, des primes supprimées ou rabotées, davantage de samedis obligatoires. La charge de travail a explosé. Les postes sont souvent intenables. Le travail sur chaîne est devenu une véritable course de fond. Les accidents du travail, les ouvriers handicapés par les maladies professionnelles, les tendinites, les troubles musculosquelettiques sont légion. C’est grâce à ces économies, à ces attaques, que les profits s’amassent. C’est à ce prix que les actionnaires peuvent encore augmenter de 25 à 28 % la part qui leur revient dans ces bénéfices.
La direction prévoit un nouvel accord de compétitivité à partir de 2020, car Carlos Tavares, le PDG du groupe, voudrait voir la rentabilité atteindre 10 %. Mais il est possible qu’avant cela la colère des travailleurs atteigne les 100 %.