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- Lutte ouvrière n°2674
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Leur société
Chômage : l’indemnisation mise en cause
Le 1er novembre entre en application la première tranche de modification de l’indemnisation des salariés privés d’emploi. Il s’agit d’une attaque frontale contre tous les chômeurs, à travers la réforme des règles en place depuis 2009.
Les masques sont tombés, le prétendu dialogue social ou la fameuse politique contractuelle ont été balayés. Depuis des années, le patronat et les syndicats, à travers l’Unedic, sont censés gérer paritairement l’indemnisation des chômeurs alimentée par les cotisations salariales et patronales. Cela passait par le renouvellement d’un accord national entre les confédérations syndicales et le Medef. Le gouvernement y a maintenant mis fin et a fixé les règles par un simple décret, non soumis à discussion, le 26 juillet dernier. C’est la conclusion d’une reprise en main commencée il y a quelques années avec la fusion des Assedic (chargées de l’indemnisation) et de l’ANPE (chargée de l’emploi), qui a permis aux gouvernements, quelle que soit leur étiquette, de remettre la main sur l’indemnisation des chômeurs.
Le 1er novembre, les nouvelles conditions d’ouverture des droits à indemnisation entrent en vigueur, ainsi que le nouveau montant de l’indemnisation des chômeurs les mieux payés. Le 1er avril, ce sera le tour du calcul du montant des allocations en général. Mais le tout sera catastrophique pour l’ensemble des chômeurs.
Tout d’abord, la période de référence ouvrant droit à une indemnisation est modifiée. Jusque-là il fallait avoir travaillé quatre mois sur les 28 derniers ; dorénavant, ce sera six mois sur les 24 derniers. De plus, jusqu’à présent, au bout d’un mois de travail, le salarié pouvait « recharger » ses droits à raison d’un mois par mois travaillé supplémentaire ; dorénavant, il lui faudra avoir travaillé six mois sans interruption pour commencer à recharger ses droits à indemnisation.
Les salariés les plus fragiles, ceux qui galèrent de CDD en intérim avec des embauches de très petite durée, vont prendre de plein fouet les conséquences de ces mesures. Des centaines de milliers d’entre eux vont se retrouver sans droit à indemnisation. Ils auront au mieux droit au RSA, et même pas à l’ASS, ce qui, du coup, ne comptera pas dans le calcul de leur retraite.
Il s’agit d’une réforme indigne, qui s’en prend aux plus démunis, et que le gouvernement a eu le culot de vouloir justifier en déclarant que, « depuis deux ans, le chômage recule régulièrement ». C’est un mensonge, et qui de toute façon ne justifie pas de supprimer le droit à indemnisation de centaines de milliers de chômeurs qui s’acharnent à accepter les boulots temporaires mal payés que le patronat leur propose.
Malgré la prétendue baisse du chômage, on compte encore 6 530 700 chômeurs inscrits à Pôle emploi, toutes catégories confondues, DOM-TOM inclus. Il y a eu tout au plus une petite baisse du nombre de chômeurs inscrits en catégorie A (n’ayant aucune activité), soit -0,4 % au deuxième trimestre 2019.
La deuxième partie du décret, qui entrera en vigueur au 1er avril, va contribuer à baisser l’indemnisation de tous les chômeurs. Pour calculer le salaire de référence qui servira à donner 57 % de ce salaire brut au titre d’indemnité de retour à l’emploi, seuls les jours effectivement travaillés sur un an seront pris en compte. Les périodes de chômage partiel, de maladie professionnelle ou d’accident du travail, les congés maternité ou les simples maladies, voire tous les congés, ne seront plus pris en compte. Cela fera diminuer le salaire de référence et donc l’indemnisation des chômeurs.
Cette politique crapuleuse n’est pas qu’une attaque contre les chômeurs : c’est une attaque contre tous les travailleurs. La lutte contre ces mesures révoltantes doit faire partie du combat pour faire ravaler au gouvernement et au patronat leurs attaques antiouvrières.