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- Lutte ouvrière n°2676
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Leur société
11 novembre : leurs guerres, leurs profits
Comme chaque année, les cérémonies du 11 novembre ont rassemblé devant les monuments aux morts les sommets de l’appareil d’État, les ex-présidents, les ministres en exercice et ceux qui veulent le devenir, les représentants des cultes, les anciens combattants, contents d’en être revenus, accompagnés d’enfants des écoles.
Comme chaque année, le président a rappelé le sacrifice des héros, la défense de la liberté et celle de la France. Comme chaque année l’ensemble des médias a répercuté l’information et tourné des images de garde-à-vous, de tricolore et de généraux décorés jusqu’aux dents.
La terrible liste des morts sur les monuments de chaque village, les récits racontant la boucherie et ceux retraçant les mutineries et les révoltes, les études des historiens sur le mécanisme ayant mené au conflit n’ont rien changé. Depuis 101 ans, l’État continue de célébrer la victoire de 1918 et de dire qu’il s’agissait alors de défendre « la France ».
La vérité officielle n’a pas fondamentalement changé depuis un siècle. Il n’est pas question d’avouer que la guerre de 1914 a mis aux prises des puissances impérialistes qui se disputaient le marché mondial. La France, c’est-à-dire l’État et la classe dirigeante, défendaient leur liberté d’exploiter les esclaves coloniaux et les prolétaires métropolitains. La victoire, acquise aux prix de millions de morts, paysans et ouvriers pour la plupart, a permis d’étendre le domaine colonial et d’imposer des réparations à l’Allemagne. Après la guerre, les campagnes étaient dépeuplées, le nord du pays en ruine, les ouvriers affamés, les peuples colonisés exsangues, les blessés et traumatisés innombrables, mais les capitalistes de l’acier, du caoutchouc et de la banque se portaient à merveille.
Censée être la der des der, la guerre de 1914 n’avait rien réglé et les puissances impérialistes s’entredéchirèrent à nouveau à peine vingt ans après. Depuis, quelles que soient les circonstances, les impérialismes ont continué à entretenir des armées qui interviennent partout où leurs intérêts semblent menacés.
Cette année, les cérémonies du 11 novembre ont été l’occasion d’inaugurer un nouveau monument aux morts. Situé dans le parc André-Citroën à Paris, il célèbre 549 soldats français morts depuis 1963 et la fin de la guerre d’Algérie dans des opérations extérieures. La vérité officielle est toujours qu’ils sont tombés pour la « défense de la France ». Mais en quoi celle-ci était-elle menacée ? En réalité, l’armée française a continué d’être utilisée dans toute cette période avec les mêmes objectifs que dans les guerres précédentes : défendre les intérêts économiques, stratégiques ou diplomatiques de l’impérialisme français. C’est-à-dire assurer la présence aux quatre coins du monde des capitalistes français et les profits qu’ils en tirent.
Le lendemain, 12 novembre, le président inaugurait un forum de la paix. Officiellement, on parle de la « défense de la paix » à propos des interventions extérieures de l’armée française. Mais ces opérations font partie d’une guerre permanente menée dans toute une partie du monde, accompagnée de famines et d’exodes. La « défense de la paix » c’est aussi la préparation permanente de la guerre entre grands, comme le montre la permanente course aux armements et les budgets colossaux qui y sont engloutis.
Alors, les politiciens officiels, de Macron et le Pen à ceux de la gauche officielle, en passant par toutes les nuances des défenseurs de l’ordre social, peuvent bien se presser aux cérémonies du 11 novembre. Ce n’est pas la place des travailleurs conscients, pour qui il n’y a qu’une seule guerre juste et qu’une victoire possible : la révolution sociale.