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Pénibilité : pseudo négociations pour pseudo mesures
En dehors de l’âge pivot, Laurent Berger, leader du syndicat CFDT, dit vouloir discuter d’autres sujets et en attendre des avancées de la part du gouvernement, comme la prise en compte de la pénibilité, dont la définition lui paraît trop floue.
Plutôt que de flou, il faudrait parler d’une escroquerie, si on en croit les mesures prises par le passé dans ce domaine. Le compte pénibilité, déjà réclamé à l’époque par la CFDT, a en effet été créé pour accompagner la réforme des retraites de 2013 du gouvernement Hollande.
Ce dispositif était censé compenser le passage de la durée de cotisation de 41,5 ans à 43 ans pour avoir droit à une pension complète. Mais, au lieu de reconnaître des emplois comme pénibles par nature, tels par exemple les travaux du bâtiment, il en faisait une affaire individuelle. Avoir travaillé dans des conditions pénibles devait permettre de partir plus tôt en retraite, en prenant d’abord en compte quatre critères, que le salarié devait à chaque fois faire reconnaître, parmi lesquels le travail de nuit, ou posté, ou répétitif. La mesure ne devait prendre effet qu’à partir de 2015 et sans rétroactivité. Six autres critères devaient s’y ajouter en 2016, le tout étant soumis à des seuils d’exposition précis aux dangers professionnels.
La contestation patronale a été immédiate. Arguant de la complexité d’établir la fiche individuelle des travailleurs concernés, les employeurs ont saboté l’application de cette mesure, qualifiée par Gattaz, patron du Medef à l’époque, de « point noir du quinquennat Hollande ». Finalement, ils ont tout simplement décidé de ne pas appliquer la loi.
Dès son arrivée au pouvoir, Macron a fait supprimer, par ordonnances, quatre des six derniers critères, considérés comme trop difficiles à évaluer : les postures pénibles, la manutention de charges, l’exposition à des agents chimiques dangereux, les vibrations mécaniques, des conditions pourtant aussi fréquentes que mesurables, par les travailleurs eux-mêmes et leurs employeurs. Le départ anticipé ne devait se faire qu’en cas de maladie professionnelle, dont on sait à quel point elle est souvent difficile à faire reconnaître.
C’est à ce gouvernement que Laurent Berger réclame une nouvelle mouture de la prise en charge de la pénibilité, au même Macron qui fut ministre sous Hollande et au même patronat auquel le gouvernement ne peut rien refuser. Il n’y a rien à en attendre, sauf pour les dirigeants de la CFDT qui y trouveront peut-être une occasion de se prêter à la comédie des négociations.