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- Lutte ouvrière n°2681
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Editorial
Pour le retrait de la réforme, : la lutte continue !
Dans le monde du travail, la réforme des retraites fait l’unanimité contre elle. L’ampleur des manifestations du 17 décembre l’a encore montré.
Personne ne doit rester spectateur du bras de fer engagé contre le gouvernement par les cheminots, les agents de la RATP et les enseignants en grève. Cette contestation a déjà forcé le gouvernement à changer de ton. Avec le renfort des salariés du privé, il est possible de le faire reculer et de lui faire retirer son projet !
Le gouvernement veut nous faire travailler plus longtemps pour une pension moindre. Pour cela, il a plusieurs tours dans son sac.
Il y a bien sûr l’âge pivot à 64 ans. Qui, parmi les salariés du privé ou du public, se voit travailler jusqu’à 64 ans ? Qui se voit, à cet âge, suivre les cadences des chaînes de montage ou travailler en équipe ? Qui se voit au volant d’un bus, remplir les rayons d’un supermarché, soulever une personne âgée ou un malade, ou même dans une salle de classe ? Et pourquoi se tuer au travail, alors que les jeunes sont au chômage ou en intérim ?
C’est d’autant plus inacceptable que le gouvernement sait que beaucoup d’entre nous seront mis à la porte bien avant 64 ans ! C’est déjà le cas aujourd’hui : plus de la moitié des plus de 55 ans sont au chômage ou en invalidité, et toucheront ensuite une pension amputée.
S’il répète du matin au soir que « tout se négocie », c’est qu’il peut tout aussi bien abandonner l’âge pivot de 64 ans et nous imposer de travailler plus longtemps par d’autres moyens. Alors, quelle que soit la sauce à laquelle il veut nous manger, il faut dire non !
Le pire, c’est encore le mode de calcul des futures retraites. Prendre en compte toute la carrière, et non plus les 25 meilleures années dans le privé et les six derniers mois dans le public, cela revient à baisser nos pensions d’au moins 200 ou 300 euros mensuels. Comme si elles n’étaient pas déjà assez basses !
Le gouvernement prétend faire une réforme pour les plus précaires, et pour les femmes en particulier, parce qu’il prendrait en compte toutes les heures cotisées.
Quelle hypocrisie ! Rien ne l’empêcherait de le faire en gardant le système actuel. Tous les ministres et députés de la majorité prennent aujourd’hui la pose du défenseur de la veuve et de l’orphelin. C’est d’un mépris sans nom ! Parce que c’est ce gouvernement des riches qui a supprimé l’impôt sur la fortune, qui a refusé d’augmenter le smic, cassé le Code du travail et généralisé la précarité. C’est lui qui vient de baisser les APL et de démolir les droits au chômage des plus précaires.
Quant à entendre tous ces ministres, qui à l’instar de Delevoye cumulent salaires et retraites de milliers d’euros, se vanter d’assurer un minimum de retraite de 1 000 euros pour des salariés ayant travaillé toute leur vie, c’est tout simplement odieux. Comment imaginent-ils que l’on vit avec 1 000 euros ?
Le Premier ministre a osé baptiser « solidarité entre les générations » une réforme qui démolit les retraites de ceux qui sont nés après 1975. Comment les travailleurs qui refusent un recul pour eux-mêmes pourraient l’accepter pour leurs frères, leurs enfants ou leurs collègues plus jeunes ? C’est une tentative de division abjecte.
Le premier à exciter les égoïsmes, c’est le gouvernement. Il cherche à négocier catégorie par catégorie. Peut-être trouvera-t-il des confédérations syndicales pour entrer dans son jeu. La seule façon de faire échouer ces manœuvres est de mener la lutte ensemble, travailleurs du privé et du public.
La leçon de solidarité et de justice, elle est donnée par les travailleurs qui se battent aujourd’hui, quels que soient leur statut et leur âge, pour le retrait de cette réforme.
Le gouvernement, largement relayé par les médias, s’inquiète à l’approche de Noël. Ils accusent déjà les grévistes de la SNCF et de la RATP de vouloir gâcher la fête. Mais le plus beau cadeau de Noël que nous pouvons faire à nos enfants, c’est de nous battre pour obtenir le retrait de cette réforme. C’est de dire à nos enfants que nous nous battons non seulement pour leur retraite, mais pour que leur vie soit meilleure et pour que notre monde, celui des travailleurs, se fasse respecter.
Oui, une victoire ferait de ce Noël une très belle fête ! Alors, privé, public, ne nous laissons pas faire les poches ! Battons-nous pour que l’argent nécessaire aux retraites, aux salaires, aux emplois et aux services publics soit pris là où il est : du côté des vrais privilégiés, des grands actionnaires, des banquiers !