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Dans le monde
États-Unis : début d’une crise sanitaire et économique sans précédent
Trump a d’abord nié pendant plusieurs semaines que le « virus chinois » puisse atteindre les États-Unis et l’a qualifié de « supercherie ». Aucune mesure sanitaire n’a été imposée par le gouvernement fédéral, qui s’est défaussé sur les États.
Mais tout déni est maintenant devenu difficile : mardi 24 mars, 46 000 cas de Covid-19 avaient été confirmés, le total étant sans doute trois fois supérieur, et le pays comptait 537 morts. D’après l’OMS, il pourrait devenir, après l’Europe, le prochain centre de la pandémie.
Or, si les États-Unis bénéficient d’hôpitaux de pointe, la santé publique est privée de moyens depuis des décennies. 30 millions de personnes n’ont pas d’assurance santé. Autrement dit, si elles ne travaillent pas pour cause de maladie, elles ne gagnent rien. D’après le très officiel Centre de contrôle des maladies, il est donc banal, par exemple, que les ouvriers de la restauration, bénéficiant rarement d’une assurance maladie, aillent travailler alors qu’ils sont malades, favorisant ainsi la diffusion du virus.
Ces derniers jours, un grand nombre de travailleurs qui conditionnent les paquets livrés à domicile sont tombés malades. « Je continue à travailler alors que je suis malade, parce que j’ai peur de perdre mon emploi ou d’être sanctionné si je m’absente », expliquait ainsi un emballeur d’UPS à Tucson dans l’Arizona, cité par le New York Times. C’est une situation courante. Et comme en France, les salariés se voient refuser des masques, des gants ou du gel hydroalcoolique.
La presse a rapporté une histoire qui résume les aberrations de la santé privée. Un jeune homme de Miami, Osmel Martinez Azcue, est revenu de Chine en janvier avec les symptômes de la grippe. Il s’est rendu à l’hôpital, où il a refusé les examens les plus coûteux qui lui étaient proposés, comme un scanner, et n’a fait qu’un prélèvement nasal et une analyse de sang, qui lui ont été facturés 3 270 dollars (3 000 euros). Sur cette base, alors qu’il avait le Covid-19, l’hôpital lui a diagnostiqué une grippe…
La crise économique qui commence
La crise économique menace d’être particulièrement brutale. La Bourse de Wall Street a chuté de 37 % depuis février. Autrement dit, quelque 10 000 milliards de dollars se sont envolés. Les autorités et les grandes banques d’affaires tablent maintenant sur une baisse de 15 à 30 % du PIB ; cela signifierait que jusqu’à 50 millions de travailleurs pourraient se retrouver sans emploi.
Partout dans le pays, de grandes entreprises ont commencé à mettre leurs salariés en congés sans solde – une manière de ne plus les payer, tout en les gardant en réserve. Et des centaines de milliers de licenciements sont d’ores et déjà en cours. Par exemple, à New York, qui compte un tiers des cas de Covid-19 du pays, la population est confinée, comme un tiers des Américains. Les écoles et les universités, les bars, les hôtels, les restaurants, les cinémas, les salles de spectacles, etc., ferment, licenciant au passage tout un personnel précaire, employé directement ou par le biais de sous-traitants. Les aéroports de l’agglomération sont au ralenti et des dizaines de milliers de salariés se retrouvent brutalement sans emploi. Par exemple, l’entreprise OTG vient de licencier 1 200 salariés dans les restaurants et les magasins qu’elle possède dans ces aéroports : les membres du personnel, dont certains occupaient leur emploi depuis trente ans, ont été licenciés sans indemnité de départ.
Ce n’est cependant pas la crise pour tous. D’abord, parce que des entreprises comme Amazon, qui recrute 100 000 personnes, profitent du confinement, au mépris de la santé et de la vie de leurs salariés. Surtout, la présidence et le Congrès négocient un plan de soutien aux entreprises qui pourrait atteindre 2 000 milliards de dollars. Quand il s’agit des multinationales, l’État fédéral répond présent : comme lors de la crise de 2008, les grandes banques et les multinationales seront renflouées. Toute la société le paiera.