Pénurie de tout : les capitalistes, pas concernés !01/04/20202020Journal/medias/journalnumero/images/2020/04/2696.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

La société en crise

Pénurie de tout : les capitalistes, pas concernés !

« Engagement exceptionnel », « contribution exceptionnelle »… C’est en ces termes que, lors de sa visite le 31 mars à l’usine de production de masques Kolmi-Hopen près d’Angers, Macron a évoqué la mobilisation de l’État et des entreprises face à l’épidémie, en particulier pour produire des équipements destinés aux soignants.

Les chiffres qu’il a cités à cette occasion n’incitaient pourtant pas à un tel enthousiasme. Ainsi, l’État apporterait une dotation de quatre milliards d’euros à l’Agence nationale de santé publique pour financer les commandes en médicaments, respirateurs et masques. On est loin des 300 milliards de garantie promis aux entreprises qui rencontreraient des difficultés…

Concernant les masques, toutes catégories confondues, Macron a déclaré : « On en produira 15 millions par semaine fin avril. » Or plusieurs centaines de millions de masques par semaine seraient nécessaires pour équiper tous les professionnels de santé. Et c’est sans compter tous les salariés qui, dans le commerce et dans bien d’autres activités, doivent pouvoir eux aussi se protéger d’une contamination.

Pour ce qui est des respirateurs artificiels dont manquent dramatiquement les services de réanimation des hôpitaux pour traiter les malades atteints des formes les plus graves du Covid-19, Macron a annoncé qu’un consortium regroupant les entreprises Air Liquide, Valeo, PSA et Schneider produirait 10 000 respirateurs d’ici mi-mai, c’est-à-dire seulement dans un mois et demi. En promettant de produire à prix coûtant des respirateurs, le consortium réunissant ces entreprises parmi les plus puissantes et les plus riches du pays estime certainement avoir fait le maximum… Pas question pour leurs dirigeants et leurs actionnaires de consentir à des sacrifices qu’ils trouvent normal d’imposer aux salariés qu’ils mettent en chômage partiel !

En réalité, alors que le nombre de morts ne cesse d’augmenter, que les appels déchirants des soignants se multiplient pour réclamer des moyens le plus vite possible, pour les plus grandes entreprises du pays il n’y a pas d’urgence sanitaire ! Il ne s’agit pas de mobiliser leurs capacités productives au service de la lutte contre la pandémie. Pour ne citer que les constructeurs automobiles comme PSA et Renault, leur effort pour produire des respirateurs est plus que mesuré. Leurs promesses d’y consacrer une partie de leurs capacités leur servent surtout de paravent pour préparer la reprise de leurs activités habituelles et l’imposer à leurs salariés.

Macron prétend avoir déclaré la guerre au coronavirus, mais il se garde bien d’imposer la moindre contrainte aux capitalistes. Il n’est jamais question de réquisition, de plan de production imposé aux plus grandes entreprises pour fournir coûte que coûte ce que revendiquent les soignants.

Que la crise soit sanitaire ou économique, quand l’État déclare vouloir inciter les capitalistes à agir dans l’intérêt général, le résultat est toujours le même : ils empochent les cadeaux s’il y en a… et ils font ce qu’ils veulent, les yeux rivés sur la courbe de leurs profits !

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