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- Lutte ouvrière n°2697
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La société en crise
Le Maire aux patrons : sauver les profits à tout prix
Dans une interview au Journal du dimanche du 5 avril, le ministre de l’Économie Bruno Le Maire s’est dit soucieux de sauver l’économie du naufrage, confirmant que l’État ouvrirait ses guichets sans regarder à la dépense pour les entreprises.
De nombreux commentateurs y ont vu une rupture avec le discours tenu jusque-là par un ministre qui se présentait comme un partisan de la rigueur budgétaire. Mais il n’y a là rien de bien nouveau sous le soleil du capitalisme, ni même depuis que Le Maire occupe son poste actuel. Son souci de limiter la dépense publique s’est fait au détriment des hôpitaux par exemple, et on voit aujourd’hui avec quelles conséquences dramatiques. Mais cela n’a jamais amené ce ministre à priver le patronat des exonérations de cotisations ou des allègements d’impôt dont il bénéficie, bien au contraire puisque le gouvernement auquel il appartient n’a cessé de les multiplier.
Il aura suffi à Le Maire d’évoquer d’éventuelles nationalisations et de pérorer sur la nécessité d’un « nouveau capitalisme, qui soit plus respectueux des personnes, qui soit plus soucieux de lutter contre les inégalités » pour que la presse parle de la conversion d’un ultralibéral en un partisan de l’intervention de l’État. En réalité, avec le marasme dans lequel se retrouve plongé le transport aérien, il n’est guère surprenant que le projet de privatisation d’Aéroports de Paris soit suspendu et que la nationalisation d’Air France soit envisagée. Au-delà de ce seul exemple, dans le contexte de catastrophe économique provoquée par l’épidémie de Covid-19, il est possible que l’État soit amené à nationaliser des entreprises dans bien d’autres secteurs, dans l’industrie, les banques…
Mais les nationalisations telles que peuvent l’envisager des politiciens bourgeois comme Le Maire sont destinées à sauver la mise aux capitalistes, l’État reprenant à son compte les pertes des entreprises dont il prend le contrôle. Cela s’est déjà vu dans le passé à de nombreuses reprises.
Permettre à ces entreprises de produire à nouveau des profits implique de s’en prendre aux travailleurs et à leurs droits. Les mesures prises dans le cadre de la loi d’urgence sanitaire montrent clairement ce que le gouvernement réserve aux salariés : durée du travail pouvant aller jusqu’à 60 heures par semaine, vol légalisé des journées de congé…
Comme par le passé, les travailleurs n’ont rien à attendre de gouvernements comme celui de Macron-Philippe qui, quel que soit leur discours, se préoccupent exclusivement de défendre les intérêts de la classe capitaliste.