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La société en crise
Marseille : solidarité pour nourrir les enfants
Depuis plusieurs semaines à Marseille, des professeurs des écoles et des parents d’élèves se mobilisent pour fournir des denrées alimentaires aux familles les plus précaires de leurs écoles.
Avec la fermeture des écoles à partir du 16 mars, près de deux mille écoliers ne peuvent plus bénéficier d’un repas gratuit à la cantine, et des milliers d’autres enfants de repas à demi-tarif. C’était pourtant pour beaucoup d’entre eux le principal repas de la journée.
Leurs parents sont des sans-papiers, des travailleurs extrêmement précaires ayant perdu un petit boulot non déclaré, ou qui faisaient quelques heures dans la restauration. D’autres encore n’ont pas réussi à réactualiser leurs droits à la CAF ou au RSA avec la fermeture des guichets. Ils se retrouvent brutalement sans ressources, les mesures de confinement n’ayant fait qu’aggraver leurs difficultés de tous les jours. Et avec la fermeture des marchés les moins chers comme celui de Noailles ou celui des Puces, ils n’arrivent plus à s’approvisionner.
Face à l’inaction de la mairie centrale, les parents et les enseignants des écoles où sont scolarisés les enfants des familles les plus pauvres ont pris les choses en main. Habitués à agir ensemble, notamment pour manifester contre la vétusté des écoles, ils ont organisé des cagnottes sur Internet, ainsi que des collectes de dons alimentaires et de produits d’hygiène de première nécessité. Des militants associatifs se sont joints à eux pour assurer la distribution de paniers devant des écoles du 3e arrondissement, l’un des plus déshérités de Marseille.
La presse locale ayant rapporté ces actions, Gaudin, toujours maire de la ville, s’est engagé le 8 avril à faire verser aux familles bénéficiant de la gratuité de la cantine 100 euros par enfant et par mois. Mais ce n’est pas encore fait, et surtout il a fallu attendre trois semaines après le début du confinement pour qu’il daigne réagir, alors que ses services savent tout de ces familles et de leurs problèmes. Comme le disait l’un des enseignants en dénonçant l’inaction de la mairie comme de l’Éducation nationale : « Ils parlent de continuité pédagogique, mais ils laissent les enfants crever de faim. »