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Dans le monde
Méditerranée : les migrants abandonnés
Depuis le 6 avril, l’Alan-Kurdi affrété par l’ONG allemande Sea-eye, seul navire humanitaire à poursuivre encore les sauvetages de migrants en Méditerranée, est en mer avec 156 personnes à bord, migrants trouvés en grand danger sur des embarcations à la dérive.
Deux opérations successives avaient permis de les recueillir, après que les passagers avaient dû, en se jetant à l’eau sans le moindre gilet de sauvetage, fuir les tirs venant d’un navire sous pavillon libyen. Plus tard, l’Alan-Kurdi avait recueilli des personnes en détresse qu’un pétrolier voisin avait refusé de sauver, arguant de son obligation à demeurer en cas d’accident à proximité d’une plateforme pétrolière.
L’équipage humanitaire et les migrants, originaires du Bangladesh, de Syrie, du Tchad et du Soudan, dont certains en état de choc ou d’hypothermie, attendent à présent d’être autorisés à débarquer. Malte et l’Italie ont déjà fait connaître leur refus, motivé par des « urgences de santé publique dans leur pays ». Néanmoins, le 10 avril, les autorités de La Valette ont secouru, puis placé en quarantaine, les 67 passagers migrants d’une embarcation. D’autres auraient appelé à l’aide par téléphone, mais sont-ils parmi ceux qui ont pu accoster le 12 avril à Pozzello, au sud de la Sicile, ou ont-ils péri en mer, comme plusieurs ONG le redoutent ? Les responsables de la protection civile italienne affirment en tout cas que des structures de quarantaine vont être installées pour y confiner ces réfugiés, avant de leur appliquer « les procédures habituelles ».
Car pendant que l’Alan-Kurdi était en réparation, sans qu’aucun autre navire humanitaire ne patrouille, des centaines de personnes ont continué à tenter la traversée, fuyant leur sort de damnés et les garde-côtes libyens, qui leur promettent à coup sûr un autre enfer. Des ONG chiffrent à 85 % le pourcentage de migrants déclarant avoir subi des actes de torture en Libye durant les sept dernières années.
Dépendant du bon vouloir des navires de commerce ou de pêche qui croisent dans la zone, et menacés de sévices d’État, de passeurs ou de truands en Libye, les femmes, les hommes, les enfants qui fuient la misère et la guerre sont avant tout abandonnés par la politique inhumaine des puissances capitalistes qui ferment leurs frontières, et livrés aux termes d’un accord financier sordide aux sbires libyens, et cela bien avant l’épidémie.