Rentrée scolaire : coupable improvisation02/09/20202020Journal/medias/journalnumero/images/2020/09/2718.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Rentrée scolaire : coupable improvisation

La semaine dernière, Jean Castex et Jean-Michel Blanquer ont répété dans la presse que la rentrée serait normale, malgré le coronavirus. Le ministère aurait tout prévu.

Il est évidemment important que tous les élèves puissent retourner à l’école, mais les accueillir tout en les protégeant du virus n’a rien d’évident. Cela aurait mérité que les autorités y mettent tous les moyens possibles. Loin de le faire, le gouvernement s’est contenté de rendre obligatoire le port du masque pour tous les adultes, et pour les élèves à partir du collège

Sur France Inter, face à une mère d’élève qui s’inquiétait des classes de 36 élèves, entassés dans de petites salles où les tables sont collées les unes aux autres, Jean-Michel Blanquer a répondu : « Heureusement, ce n’est pas quelque chose qu’on voit partout, tout le temps, c’est plutôt quelque chose d’assez extrême. D’un point de vue pédagogique, il est toujours souhaitable qu’on arrive à faire moins que 36. » Ce serait souhaitable, mais ce n’est pas ce que fait Blanquer, puisque la plupart des lycéens sont plus de 30 par classe. Mais il a préféré parler du dédoublement des classes de CP et de CE1, sans rappeler que cela s’est fait en surchargeant les autres niveaux.

Lors de sa conférence de presse du 27 août, c’est cette fois Jean Castex qui a affirmé : « Évitons que papy et mamie aillent chercher leurs petits-enfants à l’école, quitte à augmenter le périscolaire. »

Mais le Premier ministre a-t-il prévu l’embauche d’animateurs sur le temps périscolaire, après l’école, pour s’occuper des enfants ? Pas du tout, et son annonce a fait réagir certains maires, qui expliquent la difficulté de recruter des animateurs en quelques jours, surtout si c’est pour travailler une heure le matin, deux heures le midi, et trois heures le soir, avec des contrats précaires, sans parler du coût à la charge des municipalités.

Au sujet des cantines, les consignes du ministère sont arrivées vendredi 28 août au soir. Il est conseillé d’utiliser de nouvelles salles pour la restauration, salles qu’il fallait trouver pour le 1er septembre ! Ou alors d’augmenter le nombre de services, mais évidemment le ministère n’a pas prévu l’embauche de personnel de service, ni de surveillants qui seront chargés d’éviter l’entassement des élèves dans la file d’attente de la cantine. Sinon, le ministère propose de mettre des tables dehors, sans préciser si ce conseil s’applique aussi en janvier.

Depuis des années, les classes sont de plus en plus surchargées, on entasse les élèves dans des locaux trop petits, les toilettes manquent bien souvent de papier toilette et de savon, les agents qui assurent le nettoyage et la cantine, les agents administratifs, les surveillants sont en sous-effectif, sans parler des médecins scolaires ou des assistantes sociales.

Ce qui est déjà inacceptable en temps normal devient encore plus choquant dans le contexte de la crise sanitaire, qui nécessiterait encore bien plus de précautions. Mais dépenser de l’argent public pour des emplois publics utiles est inenvisageable pour le gouvernement.

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