Airbus – Marignane : un incendie et beaucoup de questions13/01/20212021Journal/medias/journalnumero/images/2021/01/2737.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Airbus – Marignane : un incendie et beaucoup de questions

Dimanche 10 janvier, vers 6 heures du matin, un incendie s’est déclaré dans le secteur Traitement de surface de l’usine de fabrication d’hélicoptères Airbus de Marignane dans les Bouches-du-Rhône.

Il s’agit de l’un des halls du hangar de la Mécanique N1, d’une surface d’environ 500 mètres carrés. Il s’y trouve les cabines de peinture, récemment refaites, et trois lignes de cuves de produits chimiques tels qu’acide chromique, cyanure, divers acides et bases, entre autres. Des pièces mécaniques y sont plongées pour subir un traitement de surface, notamment pour la prévention de la corrosion. À l’arrière du bâtiment se trouvent des citernes de gaz, tels qu’ammoniac, azote, oxygène.

Heureusement, il n’y avait personne dans ce hall lors du déclenchement de l’incendie. Des ouvriers travaillaient en horaire 7x7 dans les autres halls de la Mécanique. Très rapidement, les marins-pompiers et des militaires sont intervenus. Affectés en permanence sur le site depuis des années, ils font des rondes régulières dans le hangar, et leur bonne connaissance du secteur leur a permis d’intervenir efficacement. Mais ils ont risqué leur vie du fait de la présence de produits, pour certains incompatibles, présentant des risques considérables. Les différents murs, portes coupe-feu et autres installations d’isolement, qui ont résisté, ont aussi limité l’extension du sinistre. De nombreux renforts de pompiers locaux sont arrivés en appui avec des moyens matériels lourds, et ont arrosé le bâtiment en feu.

Les travailleurs présents ont été mis en sécurité, mais ils sont restés sur le site jusqu’au bout. Ils rapportent qu’il y a eu énormément de fumée, et des odeurs très fortes de plastique brûlé. Quant aux émanations de chrome 6, elles sont presque impossibles à évaluer. Les cuves qui contenaient du chrome 6 sous forme d’acide chromique et d’autres produits chimiques très nocifs ayant fondu, ceux-ci se sont répandus ont été dilués par l’eau déversée par les pompes. Selon les pompiers, les produits chimiques ont été contenus dans les bacs de rétention.

Sur les deux dernières années, il y a eu deux débuts d’incendie, qui ont été arrêtés par les ouvriers du secteur à l’aide d’extincteurs. Les causes de cet incendie ne sont pour l’instant pas connues. Mais les incidents sont fréquents dans ce secteur. La maintenance y est assurée par plusieurs entreprises sous-traitantes, dont les contrats ne sont pas toujours renouvelés. Ainsi, les travailleurs qui interviennent ne connaissent pas l’ensemble du secteur.

Les incidents ont été souvent liés à l’installation électrique. Des sous-traitants ont constaté des résistances qui avaient manifestement trop chauffé, des câbles sous-dimensionnés, qui ont pu être à l’origine de problèmes. Mais la hiérarchie n’apprécie pas qu’un salarié relève trop de problèmes, alors que la production devrait redémarrer. Les réparations sont effectuées hâtivement et il arrive que les lignes fonctionnent en procédure dégradée. Ce qui signifie que toutes les règles de sécurité ne sont pas appliquées, pour assurer au plus vite la production ; aux dépens de la sécurité pour les travailleurs, le voisinage et l’environnement.

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