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Israël : Netanyahou sur la sellette
Vendredi 5 février, la CPI, la Cour pénale internationale de La Haye, s’est déclarée compétente pour juger des faits survenus dans les territoires palestiniens occupés par Israël depuis 1967.
La CPI, créée dans le cadre de l’ONU pour qu’une institution internationale juge les crimes de guerre, ne l’a fait jusqu’à présent que de manière très sélective en fonction des intérêts des puissances dominantes.
Il s’agit, en l’occurrence, de permettre une enquête sur l’opération israélienne dite Bordure protectrice déclenchée en été 2014 à Gaza contre les membres du Hamas, et contre la population gazaouie. La pluie de feu et les bombardements de cette enième attaque israélienne avaient causé en quelques semaines la mort de 2 250 Palestiniens, essentiellement sur ce petit territoire. La procureure de la CPI, Fatou Bensouda, ayant depuis cinq ans mené une enquête préliminaire pour « attaques disproportionnées » sur ces faits de guerre, les autorités onusiennes viennent d’officialiser son rôle, en dépit de l’opposition résolue d’Israël et de son allié, les États-Unis, qui ne reconnaissent pas la CPI.
La simple annonce du tribunal de La Haye, le 5 février, a déclenché la colère du Premier ministre israélien, Netanyahou, qui dans la nuit même, s’offusquait de ce que le tribunal de La Haye « enquête sur Israël pour de faux crimes de guerre », attitude qu’il qualifie d’antisémitisme pur, considérant que, si l’armée israélienne veut agir « contre les terroristes qui assassinent nos enfants et bombardent nos villes », elle a le droit de bombarder tout un territoire et de pratiquer le terrorisme contre le peuple palestinien.
La promptitude de la riposte du Premier ministre est sans aucun doute en rapport avec le début de son procès le 8 février, plusieurs fois reporté pourtant, pour corruption, fraude et abus de confiance dans trois affaires qui révoltent une partie de la population israélienne. L’élection législative, où Netanyahou joue sa place et l’éventuelle immunité qu’il rêve de se faire voter, devrait se tenir le 23 mars et ni son parti, le Likoud, ni sa personne ne sont sereins quant au résultat.
Pas plus la gestion de la pandémie que la politique d’austérité de l’actuel gouvernement, que la poursuite exacerbée de la colonisation en Cisjordanie visant à empêcher définitivement les Palestiniens d’accéder à un État, ne garantissent à Netanyahou de continuer à bénéficier des voix de la population israélienne. Les casseroles de corruption qu’il traîne s’ajoutent pour détourner de lui d’anciens partisans.
Les sorties « trumpiennes » de Netanyahou pourraient ne pas lui être d’un plus grand secours en matière de réélection qu’à son grossier ami d’outre-Atlantique.