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Leur société
Calais : les migrants enfermés protestent
Un mouvement de protestation vient d’avoir lieu au Centre de rétention administrative de Coquelles (CRA), près de Calais. C’est dans de tels lieux que sont enfermés les migrants qui sont interpellés en situation irrégulière pour être renvoyés dans un autre pays, souvent leur pays d’origine.
L’absurdité de cet enfermement apparaît d’autant plus que, en raison de la crise sanitaire qui a bloqué les frontières et supprimé les liaisons par avion, l’expulsion est quasi impossible. Le centre est devenu une prison.
Le 25 mars, les « retenus » ont donc refusé de se rendre au réfectoire, protestant collectivement contre leurs conditions de rétention inhumaines. Ils ont souvent faim, sont laissés sans activité ni distraction, ni sport, ni sortie. Alors que beaucoup ont des problèmes de peau ou de dents, ou sont en détresse psychologique, ils n’ont quasiment pas accès aux soins, voire sont empêchés de prendre leur traitement médical habituel. Ils protestaient aussi contre les abus policiers, le racisme, les insultes, les vexations, les violences physiques. Lors de ce mouvement, il y a eu un peu de bousculade sous la pression policière et les autorités en ont pris prétexte pour accuser et condamner deux des retenus à 4 et 6 mois de prison ferme.
La répression contre les migrants se durcit, comme le dénoncent les associations qui leur viennent en aide. À Calais, depuis des années, la police procède au démantèlement de leurs camps en détruisant tentes, duvets et affaires personnelles. Ces évacuations se sont intensifiées au rythme d’une toutes les 48 heures, et celle du mardi 6 avril s’est déroulée dans des conditions particulièrement odieuses. « On a franchi un cap dans l’acharnement », dénonce une militante de l’association Salam, « faire une évacuation à 18 heures alors qu’il neige et qu’on laisse les personnes sans tente, c’est de l’humiliation. » Les autorités ont ainsi choisi de ne pas activer le plan grand froid qui permet d’ouvrir un hangar pour abriter les migrants, les laissant ainsi dehors alors qu’il faisait 2 degrés.
Cette opération intervient quelques jours après une décision judiciaire favorable aux migrants. La maire de Calais avait demandé qu’un terrain occupé par des réfugiés érythréens soit évacué, mais le tribunal administratif de Lille a jugé la demande irrecevable, ayant constaté l’absence d’insalubrité et de plainte du voisinage, prétextes invoqués par la maire.
C’est donc au mépris de ce jugement, que la préfecture a procédé à l’expulsion du terrain, mais en s’appuyant cette fois-ci sur le « délit d’installation illicite de terrain ». C’est donc une décision ignoble… dans la légalité !