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- Lutte ouvrière n°2759
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Leur société
AXA : le cœur sur la main... et la main sur le portefeuille
Le groupe AXA, un des principaux groupes d’assurances français, veut conclure un accord à l’amiable avec 15 000 restaurateurs assurés chez lui. Il débourserait pour cela 300 millions d’euros.
Le groupe affirme ainsi « agir pour que chacun puisse se tourner vers l’avenir et s’engager résolument dans la voie de la reprise de l’activité ». En réalité, le groupe a perdu plusieurs procès contre des restaurateurs. Ceux-ci réclamaient qu’AXA respecte leur contrat d’assurance et les indemnise pour la période où les restaurants ont été fermés suite à l’épidémie. La plupart d’entre eux ont obtenu gain de cause et, devant le risque de devoir reconnaître que le contrat couvre bien le risque épidémique, AXA a préféré conclure un accord qui a tout d’une tromperie : en échange d’une indemnisation, les restaurateurs renonceraient aux poursuites judiciaires mais, surtout, le contrat ne serait pas remis en cause, ce qui ferme la porte à d’autres indemnisations dans l’avenir.
Évidemment, derrière le terme « restaurateurs » se cachent des réalités très différentes, depuis le petit patron d’un restaurant jusqu’aux gros restaurateurs parisiens, propriétaires de plusieurs établissements très rentables. Ce sont ces derniers qui ont pris la tête de la contestation, en particulier Stéphane Manigold, patron de quatre restaurants à Paris. Celui-ci avait déjà conclu l’an dernier un accord à l’amiable avec AXA. Il s’est d’ailleurs empressé de féliciter la « sensibilité » de l’assureur.
Mais les avocats de certains restaurateurs dénoncent au contraire cette opération, qui signifierait un chèque de 20 000 euros par client, très en dessous de la perte subie, souvent de l’ordre de 60 000 euros. Beaucoup estiment que, s’il respectait les contrats d’assurance, le groupe devrait en fait débourser 900 millions d’euros
AXA en a d’ailleurs largement les moyens : en 2020, il annonçait 4,3 milliards de bénéfices. On voit comment il les gagne.