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- Lutte ouvrière n°2765
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Dans les entreprises
Novares – Villers-Bretonneux : grève pour les salaires
Novares, équipementier automobile implanté dans le monde entier, compte plusieurs usines en France, dont une à Villers-Bretonneux, dans la Somme. Y sont produits des composants plastiques livrés ensuite sur les chaînes d’assemblage de Renault, PSA et Toyota.
Les actionnaires du groupe ont pour politique de vider les comptes de l’entreprise, avec la complicité de l’État, lui aussi actionnaire. Cela leur permet de se gaver d’aides publiques. Et elles sont nombreuses : prêts garantis par l’État, plan France relance, CICE, aides régionales au développement économique, plan de soutien à la filière automobile, chômage partiel payé par l’État.
L’an dernier, le groupe a été placé en redressement judiciaire, car ses fournisseurs n’étaient plus payés. Or il venait de racheter une usine aux États-Unis en vidant la trésorerie. Après ce rachat, l’entreprise a pu présenter un bilan comptable déficitaire et obtenir des prêts garantis et bien d’autres cadeaux de l’État.
Plus généralement, le versement des dividendes aux actionnaires passe toujours avant le paiement des fournisseurs et prestataires, dont certains, non payés, refusent régulièrement de continuer à travailler pour Novares. Cela désorganise la production et pèse sur les travailleurs. Un exemple : sur le site de Libercourt, en pleine crise sanitaire, le ménage n’était plus assuré, car l’entreprise de nettoyage n’avait pas été payée. C’est aux ouvriers qu’on demandait de faire le ménage.
Cette année, à Villers-Bretonneux, dans le cadre des négociations annuelles obligatoires, la direction a refusé de verser la prime gilet jaune et ne proposait que 0,2 % d’augmentation des salaires, alors que la région Hauts-de-France venait de verser 800 000 euros d’aides publiques, dont les salariés n’ont pas vu la couleur.
Conscients que les actionnaires ont les poches pleines, une très grande majorité des 135 salariés ont décidé de ne pas laisser passer et de se mettre en grève. Pendant deux semaines, les trois équipes rassemblées ont tenu un piquet de grève. Les grévistes exigeaient la transparence sur l’utilisation de l’argent public, le versement d’une prime de 2 000 euros et 2 % d’augmentation de salaire.
Isolée face à une majorité de grévistes, la direction a dû consentir à une augmentation de 0,8 % au lieu des 0,2 % prévus initialement, mais n’a pas cédé sur le reste des revendications, de peur que des grèves similaires aient lieu dans les autres usines du groupe.
Après la dernière réunion avec la direction, les salariés ont estimé qu’en l’état actuel du rapport de force ils n’obtiendraient pas plus. Mais, fiers du combat qu’ils ont mené, ils ont choisi de prolonger la grève de quelques jours. S’ils ont repris le travail, sans avoir obtenu satisfaction sur l’ensemble de leurs revendications, c’est la tête haute et plus unis qu’auparavant.