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Dans les entreprises
Cooperl : la direction fait sa propre loi
La direction générale du groupe Cooperl, propriétaire du plus gros abattoir de porcs du pays, à Lamballe dans les Côtes-d’Armor, a décidé de verser une prime de 200 euros aux salariés vaccinés contre le Covid-19.
Le versement de cette prime est prévu entre la fin août et octobre en fonction de la date de réception des justificatifs de vaccination fournis par chaque salarié. Cela concerne plusieurs milliers de salariés du groupe, titulaires et intérimaires.
Les responsables de l’abattoir justifient cette nouvelle prime exceptionnelle par la volonté d’améliorer le pouvoir d’achat et de contribuer à la démarche de prévention sanitaire incitant à la vaccination. Ils ne manquent pas de culot. Depuis quand la santé de leurs salariés et celle de leurs revenus est-elle une préoccupation des dirigeants de la Cooperl ? La nouvelle prime ne va pas changer le niveau des salaires. Ceux-ci sont très bas et les rares augmentations accordées ces dernières années ressemblent à des miettes. Cette « prime vaccin » ne va rien coûter de plus à la Cooperl car elle a supprimé la « prime Covid » d’il y a quelques mois, sous prétexte de la fin du confinement !
Quant à la santé des travailleurs de la Cooperl, la direction s’en moque bien. La réalité pour la majorité des travailleurs de l’abattoir est celle des cadences usantes et toujours plus rapides qui leur démolissent les articulations et provoquent des TMS (troubles musculo-squelettiques).
Beaucoup de salariés se sont demandé si cette prime était vraiment légale car, jusqu’à présent, il n’y avait pas d’obligation vaccinale pour travailler à la Cooperl. D’autres se demandent si ce n’est pas le début de nouvelles contraintes et ce qu’il va se passer pour celles et ceux qui ne seront pas vaccinés ? En tout état de cause, les risques de diviser un peu plus le personnel entre vaccinés et non-vaccinés sont là.
La Cooperl s’est payé un bon coup de publicité avec cette annonce. Mais parmi les travailleurs personne n’a oublié qu’il y a un an, sous le coup d’une forte amende pour entente illicite entre géants de l’agroalimentaire et de la grande distribution, elle menaçait de fermer certains abattoirs et de bloquer les salaires si l’autorité de la concurrence l’obligeait à payer.
Habitués aux coups tordus de la direction, les travailleurs peuvent d’ailleurs se demander s’il n’y a pas un rapport entre l’annonce de cette prime et la reprise des cas de Covid à l’abattoir. La crainte de voir se développer un foyer d’infection qui l’obligerait à fermer un service, comme cela s’est produit il y a quelques mois à l’abattoir Kermené du groupe Leclerc, a peut-être incité la direction à faire cette démarche.
Quelles que soient ses motivations, le versement d’une prime exceptionnelle ne fera pas oublier les salaires insuffisants et les conditions de travail qu’il faudra contraindre la direction à améliorer.