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Leur société
Toulouse : explosion AZF, ‘‘Total coupable, État complice’’
Mardi 21 septembre 2021, près de 300 personnes se sont rassemblées au rond-point du 21-Septembre, à Toulouse, pour le 20e anniversaire de l’explosion d’AZF en 2001. L’explosion avait fait 31 morts, 22 000 blessés et des dizaines de milliers de logements détruits ou endommagés dans les quartiers populaires proches de l’usine.
Cette année, c’est à l’appel de la CGT, de l’Association des sinistrés du 21-septembre et de l’association Plus jamais ça que ce rassemblement a été organisé, à 500 mètres de l’usine, loin de la commémoration officielle regroupant les officiels et les représentants de Total et… les télévisions. Des délégations syndicales de la fédération de la chimie, venues de Rouen, de Pierre-Bénite et de la région, étaient aussi présentes, ainsi que celle du Comité Lubrizol de Rouen. Les différentes prises de parole ont été ponctuées par un slogan : « Total coupable, État complice ».
L’entreprise AZF, filiale de Total, a été reconnue coupable par la justice en décembre 2019, après trois procès et douze mois d’audience, coupable de défaillance dans la gestion de la sécurité et l’utilisation abusive de la sous-traitance. Rappelons que c’est la « poubelle » de l’usine, avec ses 300 tonnes d’ammonitrates, qui a explosé. Quel patron se soucie de sa poubelle ? Ce qui compte avant tout pour lui, c’est la rentabilité, voire la qualité de sa production, mais surtout les profits qu’il peut en tirer, même si cela entraîne des risques pour la sécurité des ouvriers et des riverains.
Pendant toutes ces années de procédures, les armées d’experts de Total ont tout fait pour disculper sa responsabilité en tant que donneur d’ordres, en commençant par détruire les preuves avant l’intervention de la police, mais aussi en répandant les rumeurs les plus folles, relayées par des « journalistes » rétribués. Sans oublier des politiciens de droite et de gauche, et certains « syndicalistes » de l’usine qui prenaient fait et cause pour leur patron. Cela eut pour conséquence la division entre les sinistrés et une partie des salariés, alors que l’émotion créée par la catastrophe aurait pu permettre au contraire la lutte commune contre les vrais responsables : Total et sa filiale.
Encore aujourd’hui, la version officielle de Total est qu’on ne sait pas ce qui s’est passé. C’est un grossier mensonge, mais pour le moins un aveu d’irresponsabilité, dans cette usine classée Seveso. S’ils ne savent pas ce qu’il s’est passé dans leur usine, il est grand temps de les écarter de la direction de celle-ci.
La justice a refusé de sanctionner Total, considéré comme intouchable. Elle s’est contentée de mettre en cause sa filiale, la condamnant à une amende dérisoire (le maximum de la peine encourue) représentant… dix minutes du bénéfice annuel de Total.
Mais cette catastrophe n’a guère fait évoluer la législation en matière de sécurité. L’exemple de Lubrizol il y a deux ans le montre amplement : il aura fallu des mobilisations et des manifestations ne serait-ce que pour réussir à connaître la liste des produits qui ont brûlé et occasionné un nuage toxique pendant des jours, dont un certain nombre de produits cancérigènes.
Le représentant de Plus jamais ça a dénoncé cette incurie de l’État, en disant : « le nombre de contrôles dans les usines a été divisé par deux en quinze ans, un inspecteur doit surveiller en moyenne 420 sites et il n’arrive à effectuer que quinze contrôles par an, au lieu des vingt préconisés par l’administration elle-même. »
Mais, comme le disait un ouvrier d’AZF, présent au rassemblement : « Si on compte sur la réglementation pour se protéger des méfaits des capitalistes, il y aura d’autres AZF. La seule solution c’est de se battre pour l’expropriation des industriels comme Total, qui jouent avec notre vie pour la santé de leurs profits. »