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Dans le monde
Liban : le spectre de la guerre civile
Le 14 octobre, des heurts à caractère confessionnel ont secoué Beyrouth, la capitale du Liban, faisant sept morts et une trentaine de blessés. Ainsi resurgissait le spectre de la guerre civile qui a déchiré le pays entre 1975 et 1990.
Ces fusillades ont opposé des partisans du parti chrétien les Forces libanaises et ceux du tandem chiite Amal-Hezbollah. Elles sont survenues suite à un sit-in organisé par ces derniers contre le juge Tarek Bitar, chargé de l’enquête sur l’explosion au port de Beyrouth d’août 2020 qui avait fait deux cents morts. Amal et Hezbollah, partis alliés de l’Iran, s’opposent à la volonté du juge de convoquer de hauts responsables de leur mouvance, selon eux sous la pression des pays occidentaux.
Il est vrai que la responsabilité de cette explosion de plus de 2 000 tonnes de nitrate d’ammonium qui étaient entreposées dans le port depuis 2013, sans aucun respect des normes de sécurité, incombe aux différents clans politiques qui sont aux affaires depuis la fin de la guerre civile. Quant aux ingérences des pays occidentaux, elles sont de notoriété publique et l’appareil judiciaire n’a aucune raison d’y échapper.
Néanmoins, avec la grave crise économique qui touche le pays depuis deux ans, les chefs des différents partis, pour la plupart d’anciens chefs de guerre, multiplient la surenchère confessionnelle afin de garantir leur mainmise sur leurs communautés respectives. Pour y parvenir, tous les moyens sont déployés, depuis les cris « chiite, chiite » répétés sans cesse lors de la dernière manifestation des partisans du Hezbollah, en paradant à proximité des quartiers chrétiens, jusqu’aux tirs meurtriers perpétrés par les Forces libanaises dans le but de faire croire à leur communauté qu’ils sont là pour la protéger. L’embrasement n’était pas loin, avec un échange de tirs entre la rue et les immeubles avoisinants, prenant en otage la population pendant plusieurs heures.
Il y a deux ans, presque jour pour jour, la contestation sociale secouait le pays, inquiétant la classe politique dirigeante par son caractère multiconfessionnel et son objectif, qui était de se débarrasser de tous ces chefs de clans. Il n’est pas étonnant, dès lors, que ces derniers cherchent à en effacer les traces. Il n’est pas dit qu’ils y parviendront.