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Chili : des élections incertaines
Dimanche 21 novembre, le candidat d’extrême droite José Antonio Kast est arrivé en tête du premier tour de l’élection présidentielle chilienne, avec 28 % des voix. Il devance le candidat de gauche, l’ancien leader étudiant Gabriel Boric, qui a obtenu 26 % des voix.
Les deux partis de droite et de gauche qui se partageaient le gouvernement depuis 1990 ont fait moins de 13 % des voix. Ils ont même été distancés de peu par un outsider, l’économiste Franco Parisi, qui a fait campagne depuis les États-Unis où il est exilé, car il a des démêlés avec la justice chilienne, ce qui ne l’empêche pas de parler au nom du « parti des gens ».
La droite, avec notamment l’entourage de l’ex-président Piñera qui ne pouvait plus se représenter, se mobilise déjà pour que le deuxième tour confirme ce résultat favorable à l’extrême droite. L’électorat de gauche, lui, avait espéré que les urnes refléteraient la volonté de changement exprimée lors des mobilisations populaires de 2019. En proposant l’élection d’une Assemblée pour réviser la Constitution héritée de Pinochet, Piñera était parvenu à canaliser le mouvement de contestation sur un terrain inoffensif pour les classes dirigeantes et dont il ne pouvait rien sortir.
Député de droite de 2002 à 2018, Kast a fait campagne en agitant toutes les peurs qu’ont pu susciter ces mobilisations. Cet admirateur de Bolsonaro et Trump entend maintenir toutes les privatisations ainsi que la retraite par capitalisation ou les universités chères et payantes qui avaient suscité la colère, mais aussi tout l’héritage de la dictature, à la source des profondes inégalités de ce pays où la richesse est accaparée par une poignée de familles riches.
Kast compte même réduire encore le poids de l’État, en supprimant des ministères, mais certainement pas ceux de l’Intérieur ou de l’Armée. Tout cela s’accompagne d’un discours antimigrants et ravit les électeurs nantis, devant qui Kast agite les épouvantails du chavisme ou du communisme.
Le deuxième tour doit avoir lieu le 19 décembre et le résultat est incertain. Le candidat de gauche, Boric, qui a l’appui du Parti communiste, s’est imposé dans la capitale Santiago et dans sa région, mais pas en province. Il espère recevoir les soutiens de ceux qui ont pu voter socialiste, mais il n’est pas assuré d’avoir ceux de la droite modérée qui pouvait soutenir le Parti socialiste dans le passé. Il compte aussi sur les abstentionnistes.
Quel que soit le résultat du vote, les classes populaires, les travailleurs, les femmes, les jeunes, tous ceux qui représentent la partie vive du pays, devront se préparer à de nouvelles mobilisations.