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- Lutte ouvrière n°2783
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Le mouvement aux Antilles
Lecornu : protecteur du grand patronat, des grosses sociétés et des riches békés !
Le voyage de Lecornu, ministre des Outre-mer, en Martinique et en Guadeloupe, a surtout été un geste politique de plus pour montrer la présence de l’État français, multipliant les déclarations de fermeté et d’envoi de forces de police.
Avant son départ, Lecornu a même avoué que des forces armées étaient arrivées secrètement. Qu’avait-il à cacher ? Il a parlé de forces de police venues de Guyane, peut-être des troupes spéciales, des légionnaires. En Martinique et en Guadeloupe, les massacres perpétrés par des troupes françaises, on connaît. Et c’est ce monsieur qui est venu demander de « condamner la violence », comme il l’a fait devant les syndicats de Guadeloupe : « condamnez la violence comme un préalable aux discussions ». Mais ce sont les autorités françaises qui ont les stocks d’armes et qui amènent leurs troupes spéciales.
La violence, c’est précisément condamner des milliers de jeunes à une vie sans espoir, sans travail, sans rien, à tel point qu’ils préfèrent prendre des armes et tirer sur la police comme seul moyen de se valoriser. Oui, cela est triste, mais c’est la violence d’un État qui condamne des milliers de jeunes à une vie qui ne vaut pas la peine d’être vécue.
Nous condamnons surtout cet État qui protège bien des délinquants en col blanc. Combien de grands patrons ou de ministres responsables de la catastrophe du chlordécone ont été jugés ? Combien d’entre eux sont en prison ? Ils ont pourtant indirectement assassiné des milliers de travailleurs agricoles. Les gendarmes qui ont tué Claude Jean-Pierre en Guadeloupe sont-ils en prison ? La voilà, la violence que nous condamnons !
Le ministre a ensuite déclaré en Martinique qu’il y avait eu un consensus général, y compris des syndicats, pour condamner la violence. C’est faux ! Il a tenté de leur passer de la pommade et de dire en somme qu’en Martinique, « Vous êtes de bons petits nègres », comparant cette « bonne attitude » à celle des syndicats de Guadeloupe, qui ne seraient pas dans une bonne démarche. C’est encore le bon colonialiste français qui cherche à diviser pour régner, entre « bons et mauvais nègres. »
Lecornu devrait aller le dire sur les barrages, tant en Guadeloupe qu’en Martinique. Il verrait alors que tous sont en colère, tous sont violents contre ceux qui représentent un pouvoir qui les opprime. Le discours de Lecornu en Martinique était tout simplement infect, filandreux, colonialiste, brandissant le bâton si l’on n’est pas sage et la carotte de quelques vagues promesses de reclassement si on l’est.
Lecornu n’a donné aucune assurance que les travailleurs suspendus et privés de salaire seraient réintégrés. C’est cela que l’on veut entendre. Retenons quand même que c’est la révolte sociale en Guadeloupe et en Martinique qui a déjà fait faire deux pas en arrière au gouvernement en l’obligeant à repousser la date d’entrée en vigueur de l’obligation vaccinale, d’abord au 15 novembre, puis au 31 décembre. Il a parlé, mardi 30 novembre, de possibilités d’adaptation de la loi en Outre-mer. Mais le recul définitif sera de devoir réintégrer tout le monde, purement et simplement. Il faut poursuivre le combat jusque-là !
Une fois de plus, cette crise a fait ressortir de l’ombre des problèmes de la vie de tous les jours que les pauvres supportent péniblement et toujours : face à la cherté énorme de la vie et à la hausse des prix, pour vivre un peu plus dignement, il faut exiger 500 euros pour tous et un smic à au moins 2 000 euros net.
Le chômage massif, la précarité, les coupures d’eau, une eau souillée et chlordeconée, des comorbidités endémiques dues à la mauvaise alimentation, à l’empoisonnement au chlordécone et autres pesticides : diabète, obésité, hypertension, drépanocytose, cancers du sein, de la prostate bien plus importants que dans l’Hexagone... c’en est assez.
Alors nous disons à tous les militants, aux camarades, aux travailleurs et aux jeunes qu’il faut rester en lutte. Les travailleurs en grève doivent la maintenir et l’élargir. Il faut maintenir les barrages et les organiser encore mieux contre certaines dérives, mais aussi les renforcer ! Il faut poursuivre les manifestations et les mobilisations jusqu’à satisfaction de l’ensemble des revendications. Cette révolte est une révolte populaire. Il faut que les plus démunis, les jeunes pauvres obtiennent, dans cette lutte, des améliorations importantes de leur sort.