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- Lutte ouvrière n°2791
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Editorial
Les travailleurs doivent imposer leurs exigences
Jeudi 27 janvier, une journée de grèves et de manifestations était organisée par plusieurs confédérations syndicales. Le monde du travail a bien des raisons d’être en colère et de vouloir le dire haut et fort.
Depuis les débuts de la pandémie de Covid, les cinq plus riches capitalistes de France ont vu leur fortune doubler. Ils possèdent maintenant autant que les 27 millions de personnes les plus pauvres. Le seul Bernard Arnault (LVMH) aurait touché 1,4 milliard d’euros de dividendes en 2021, soit 160 000 euros par heure, parce que les sacs de luxe et les montres à 30 000 euros se vendent bien. Les entreprises du CAC 40 auraient fait plus de 100 milliards de profits, soit l’équivalent de 2,3 millions d’emplois payés à 2 000 euros net, cotisations incluses !
En revanche, pour les classes populaires, ces deux années ont été synonymes de souffrances, d’une vie plus dure et plus précaire.
Les prix ne cessent de grimper. C’est le cas des carburants, qui atteignent des niveaux record, plus élevés que lors de la crise des gilets jaunes. C’est le cas des produits alimentaires, des pâtes jusqu’aux œufs, du beurre à la baguette, des fruits aux légumes. C’est le cas de l’électricité, et du gaz, qui a augmenté de 50 à 60 % en un an. De plus en plus de travailleurs et de retraités économisent maintenant sur la viande, le poisson, le chauffage, l’eau chaude ou l’éclairage. Quant à changer de voiture, c’est tout simplement impossible. Et puis, sept millions de personnes ont besoin de l’aide alimentaire pour vivre, et quatre millions d’autres sont sur le fil du rasoir.
Alors, des riches plus riches et des pauvres plus pauvres, l’histoire est connue. Mais ce n’est pas une fatalité. Quand les travailleurs se mobilisent, ils peuvent changer le rapport de force.
Les salariés de Leroy Merlin ont ainsi obtenu une augmentation de 65 euros par mois pour les salaires les plus bas. Ceux de Dassault Aviation, une entreprise qui vient de vendre 80 avions Rafale aux Émirats arabes unis et dont le carnet de commandes est plein, revendiquent 200 euros net d’augmentation : « Deux cents balles, ou pas de Rafale ! » À Air Liquide, qui a fait des profits record, les travailleurs se battent également pour des augmentations. Quant aux salariés de l’Éducation nationale, ils étaient massivement en grève le 13 janvier dernier, contre la dégradation de leurs conditions de travail, le blocage de leurs salaires et la désinvolture de leur ministre, Blanquer. Et on pourrait multiplier les exemples de contestation.
Toutes et tous ont raison, mais il faut que ces luttes convergent en un mouvement d’ensemble. Car, sur le fond, tous les travailleurs ont les mêmes problèmes. Il faut qu’ils s’invitent dans la campagne électorale. Alors que les ondes sont occupées par d’odieuses invectives contre les migrants, ou par des bavardages sur la couleur du drapeau sous l’Arc de Triomphe, il faut que soit mise sur la table la nécessité d’augmenter les salaires, d’améliorer les conditions de travail et d’embaucher.
Les prix explosent ? Ce ne sont pas les 100 euros de prime Castex ou la hausse dérisoire du smic qui vont y changer quelque chose. Les travailleurs ne demandent pas la charité ! Il faut augmenter massivement les salaires, les pensions et les allocations. Aucun salarié, aucun retraité ne doit gagner moins de 2 000 euros net par mois. Les salaires doivent suivre les hausses de prix : il faut l’indexation des salaires sur les prix.
Les cadences sont insupportables et le temps de travail augmente ? Alors que le pays compte plusieurs millions de chômeurs, c’est un scandale et une aberration. Il faut répartir le travail entre tous, sans perte de salaire, en prenant sur les profits capitalistes. Il faut embaucher massivement dans les hôpitaux, les Ehpad, les écoles, où les pénuries de personnel sont criantes.
Les grandes entreprises gavent leurs actionnaires ? Il faut les placer sous le contrôle des travailleurs, et les exproprier si elles s’y opposent.
Ce sont les objectifs que je défends depuis des années, et de nouveau dans cette campagne électorale. Bien sûr, ce n’est pas la présidentielle qui permettra d’atteindre ces objectifs. Aucun d’entre eux ne peut être atteint sans des luttes massives et puissantes du monde du travail.
Mais des travailleurs nombreux en grève et dans la rue peuvent donner confiance à tous et permettre de préparer la suite.