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Nigeria : la dictature des trusts pétroliers
Depuis le début de la guerre en Ukraine, la spéculation qui fait flamber le prix de l’essence frappe durement la population de nombreux pays. Y compris au Nigeria, pourtant premier producteur de pétrole d’Afrique !
Au Nigeria, le prix de l’essence a doublé, celui du gazole a triplé, ce qui se répercute sur les transports et donc sur l’acheminement des produits alimentaires dans ce vaste pays de 219 millions d’habitants. Pour se déplacer en voiture, par exemple dans la capitale, Lagos, plus de 22 millions d’habitants, il faut faire des queues interminables ou acheter le carburant encore plus cher à des petits revendeurs. Beaucoup n’ont plus les moyens d’alimenter le groupe électrogène qui leur fournissait de l’électricité à la place du réseau défaillant. Les entreprises augmentent leurs prix ou renvoient les travailleurs chez eux, des commerces qui ont besoin d’électricité ferment. L’inflation, qui dépassait déjà 15 %, grimpe en flèche.
La cause immédiate de la flambée du prix des carburants est semble-t-il une pénurie intervenue quand il s’est avéré, fin janvier, que la livraison de quatre cargos provenant d’Anvers en Belgique contenait de l’essence chargée de méthanol à une dose dix fois supérieure à celle admise par les moteurs, donc impropre à la consommation. Mais pourquoi le pays le plus peuplé d’Afrique, premier producteur de pétrole du continent, fait-il venir son essence de Belgique ? Pour la simple raison qu’il n’y a quasiment pas de raffinerie en fonctionnement ! Telle est la volonté de Shell, Chevron et Total, les trusts du pétrole protégés par la dictature qui règne sur le pays.
L’exploitation du pétrole au Nigeria a enrichi depuis des décennies les grands trusts, pendant que près de la moitié de la population survit avec moins de deux euros par jour. Ces trusts ont dévasté toute une partie du pays. En 1995, l’écrivain nigérian Ken Saro-Wiwa et huit autres militants furent pendus sur ordre d’un tribunal militaire pour s’être opposés aux crimes des compagnies contre les populations. En 2012, il a fallu une grève générale pour faire reculer le gouvernement qui, sur la demande de Christine Lagarde, directrice du Fonds monétaire international, avait annoncé la fin des subventions de l’État limitant le prix de l’essence et du gazole.
Aujourd’hui, la folie spéculative des profiteurs de guerre prend la population nigériane à la gorge, dans un pays dont la richesse du sous-sol fait une cible privilégiée de l’impérialisme. Pour rendre les richesses du pays à sa population, l’expropriation des sociétés pétrolières serait une nécessité.