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P&O Ferries : les autorités bénissent les licencieurs
Depuis le 17 mars 2022, les quatre navires qui, habituellement, effectuent chacun cinq allers-retours quotidiens entre Calais et Douvres, sont à l’arrêt.
Le 17 mars, la direction de P&O décidait de licencier 800 marins sur le champ (par visio en ligne sur Zoom), leur indiquant qu’ils avaient 15 minutes pour rassembler leurs effets personnels et quitter le navire. Pour les remplacer, la compagnie a fait appel aux services de la société International Ferry Management, une agence de recrutement d’intérimaires installée à Malte. Ces marins sont payés à des tarifs défiant toute concurrence, 2 livres de l’heure, soit 2,20 euros. La législation permet qu’aucun minimum salarial ne leur soit appliqué.
Ils travaillent selon des cycles de huit semaines à bord suivies de huit semaines à terre pour ceux qui viennent d’Europe de l’Est, et 17 semaines à bord suivies de 17 semaines à terre pour ceux qui viennent de plus loin encore, du Honduras, d’Inde, de l’île Maurice.
De plus, beaucoup des marins recrutés dans ces conditions pour P&O pensaient travailler sur des navires de croisière. En fait, ils travaillent sur des ferries d’une ligne très courte où le rythme est effréné : une heure trente de traversée, quarante-cinq minutes d’escale pour réaliser le débarquement et l’embarquement des véhicules et des passagers et, à nouveau, une heure trente de traversée, et cela vingt-quatre heures sur vingt-quatre, sept jours sur sept.
Certains pensent déjà ne pas continuer à travailler dans ces conditions et ne veulent pas renouveler leur contrat. Cela risque de poser de gros problèmes de sécurité sur les ferries, avec des équipages qui seront en permanence composés en grande partie de navigants sans expérience.
Malgré cela, un des quatre navires de la ligne P&O – Calais-Douvres a fini par obtenir, après les contrôles du service des Affaires maritimes britanniques, l’autorisation de reprendre la navigation, dans des conditions restreintes (transport de fret uniquement), du moins dans un premier temps. Le même contrôle doit être effectué côté français par les Affaires maritimes. On voit que les protestations du gouvernement britannique quant aux conditions scandaleuses et illégales des 800 marins étaient de pure forme.
Ce n’est pas mieux du côté français. Les autorités se moquant totalement du sort des 800 licenciés et des conditions de travail de ceux qui les remplacent. Le président de la Région Hauts-de-France, Xavier Bertrand, a ainsi demandé que « la France prenne attache avec le Royaume-Uni pour que les autorisations nécessaires à la reprise de la navigation soient attribuées sans délai aux trois navires de P&O affectés à la route Calais-Douvres », du fait de l’effet « très négatif pour l’économie régionale et nationale ».
Mardi 19 avril, un rassemblement de protestation de personnel navigant et sédentaire a eu lieu à Calais à l’appel de la CGT. La CGT, la CFDT, la Fédération internationale des ouvriers du transport (ITF), réclament que les marins embarqués sur des navires faisant du transport intracommunautaire bénéficient de la meilleure des conventions collectives pour les marins d’un des pays desservis.
Cela serait bien le moins !