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Dans les entreprises
PSA : des débrayages qui en préparent d’autres
Pour la première fois depuis trente ans, l’ensemble des usines du groupe PSA-Stellantis ont connu des débrayages ou des grèves simultanés sur les salaires. Cette expérience de la force collective des travailleurs mobilisés est un sacré gage pour l’avenir.
Vendredi 16 septembre, les travailleurs de l’usine de Hordain dans le Nord ont démarré en se mettant en grève à 500 sur les trois équipes durant trois jours. Cette démonstration de combativité a redonné confiance à bien des travailleurs du groupe. Des débrayages de plusieurs dizaines d’ouvriers ont alors eu lieu les jours suivants à Valenciennes et Sochaux. Cette contagion a suffisamment inquiété la direction pour qu’elle avance la date d’une réunion prévue concernant l’attribution d’une prime avec laquelle elle espérait calmer la colère.
Au contraire, les travailleurs du groupe, informés en permanence des débrayages et qui en discutaient largement, y ont vu un encouragement à se mobiliser. Le lundi 26 septembre, veille de la réunion, ils étaient plus de 500 à arrêter le travail dans quatre usines du groupe, avec la volonté de faire pression sur la direction : 260 à Charleville-Mézières, où il n’y a jamais eu de grève ; 150 à Trémery près de Metz ; 100 à Caen, là aussi une première, et 30 à Borny.
Le jour de la réunion, mardi 27, il y a eu plus de 800 grévistes sur huit usines du groupe. Encouragés par les débrayages des jours précédents, ils étaient 230 à Rennes, 180 à Valenciennes, une centaine à Mulhouse, et des dizaines à Hordain, Douvrin, Borny et Poissy. Car, comme prévu, la direction ne proposait qu’une ridicule prime de 1 000 euros au compte-gouttes pour les travailleurs intérimaires. Le trust automobile a fait huit milliards d’euros de bénéfices sur les six premiers mois de l’année. Partout les jours chômés alternent avec des jours de travail aux cadences infernales. Les prix des voitures ont flambé par choix de la direction de vendre un peu moins, mais plus cher afin de multiplier les profits. Alors, aucun travailleur ne voit de raison d’accepter les bas salaires, les difficultés financières qui s’aggravent et les conditions de travail qui tuent à petit feu.
Le lendemain, mercredi 28, les débrayages ont atteint un niveau inconnu depuis les grèves dans les usines de Sochaux et de Mulhouse en 1989 : 5 000 grévistes dans le groupe. Le nombre de grévistes est important mais le caractère général des débrayages est aussi marquant car ils ont eu lieu dans toutes les usines du groupe. Et en particulier dans les usines sans expérience de lutte, car le patron de PSA a toujours utilisé des méthodes musclées pour rendre l’expression de la contestation ouvrière particulièrement difficile pour les militants qui en font leur combat.
La plupart des débrayages ont commencé spontanément, avec quelques dizaines de travailleurs qui sont arrivés à entraîner les autres. Certes, la direction avait mobilisé ses syndicats maison pour être dans le coup, afin d’éviter de laisser la CGT accompagner seule les grévistes. Cette unité syndicale de façade a aidé de fait les travailleurs à se retrouver. Mais le plus important n’est pas là. Ce qu’ont permis ces débrayages massifs, c’est les discussions collectives, la confiance retrouvée dans le fait que le camarade d’à côté sur la chaîne va sortir aussi car il vit la même galère au quotidien. C’est aussi le fait que des militants ouvriers de la CGT développent en permanence l’idée que ce qui se passe dans chaque usine concerne tout le monde, car ce n’est que tous ensemble que les ouvriers pourront faire céder Stellantis. Grâce à cela, chacun a pu ressentir d’une usine à l’autre la communauté d’intérêt et de colère.
Alors, pour faire reculer le patron, en lui imposant de vraies augmentations et que les salaires suivent l’inflation, il faudra la grève. Un pas important a été fait dans cette direction, car les travailleurs ont commencé à retrouver le sentiment de la force collective et le goût de discuter ensemble de la défense de leurs propres intérêts. Il sera nécessaire que les travailleurs construisent leur mobilisation, en se réunissant pour en discuter les conditions.
Mais, quoi qu’il arrive, il est certain que la journée de débrayages massifs du 28 septembre aura laissé des traces positives dans les consciences.