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Dans les entreprises
Ehpad : le scandale permanent
La Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) a publié le 20 octobre les conclusions de trois années de contrôles des Ehpad privés. D’après celles-ci, plus de la moitié des établissements mentent sur leurs tarifs et les prestations médicales qu’ils annoncent.
Le communiqué relève premièrement que les prix annoncés par les Ehpad dans leur publicité et auprès de la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie diffèrent souvent de ceux réellement payés par les clients. Deuxièmement, la facturation frauduleuse de prestations médicales est monnaie courante. Cela va de refacturations de services censés être inclus dans le prix de base, à des « jardins thérapeutiques » qui sont en réalité de simples bacs pour faire du jardinage ou des « salles multisensorielles » inexistantes. Troisièmement, les modalités de résiliation ou les demandes de dépôt de garantie exorbitante sont souvent l’occasion d’une escroquerie supplémentaire.
Ces faits n’étonneront pas grand monde. En février dernier, l’enquête du journaliste Victor Castanet dans les Ehpad du groupe Orpea, notamment pour un établissement de Neuilly, relatait des tarifs supérieurs à 6 000 euros par mois, accompagnés de repas de misère, et n’incluant ni Internet ni l’entretien du linge.
La réalité sordide de ces établissements est également mise en avant lors de chacune des grèves qui se sont multipliées ces dernières années. Les profits des propriétaires des Ehpad sont en effet non seulement le fruit de l’extorsion des résidents, mais aussi de la surexploitation du personnel. Et d’ailleurs, les deux sont intimement liés : nombreux sont les travailleurs qui témoignent du sentiment insupportable de maltraiter les personnes âgées qu’ils sont censés soigner, parce qu’ils n’ont pas le temps nécessaire pour s’occuper d’eux.
Une des plus récentes de ces grèves est celle de l’Ehpad des Pervenches à Caen, en septembre dernier, où le personnel a arraché 120 euros d’augmentation. En 2017, la grève à l’Ehpad des Opalines à Foucherans dans le Jura avait duré 117 jours et s’était également conclue par une victoire. Elle avait particulièrement mis en lumière la complicité de l’État dans l’enrichissement des propriétaires des Ehpad. Les grévistes expliquaient en effet que ce sont les Agences régionales de santé, qui dépendent du ministère de la Santé, qui financent le salaire des infirmières, et 70 % de celui des aides-soignantes, les 30 % restants étant payés par le département.
L’enquête de la DGCCRF ne représente en aucun cas une remise en question du fonctionnement, ni des pratiques frauduleuses qu’elle relate.