- Accueil
- Lutte ouvrière n°2831
- États-Unis – Chine : l’escalade guerrière de l’impérialisme américain
Dans le monde
États-Unis – Chine : l’escalade guerrière de l’impérialisme américain
La presse occidentale multiplie les reportages et les articles sur la puissance militaire chinoise, en plein développement, et qui serait capable de supplanter celle des États-Unis.
Toute cette propagande n’est pas sans rappeler celle sur la puissance de Saddam Hussein avant l’invasion de l’Irak en 2003. En présentant la Chine comme l’agresseur face à un occident « démocratique » qui serait dans une position de défense, il s’agit de préparer l’opinion à une guerre éventuelle.
La réalité de l’armée chinoise est loin de l’image que veut en donner la presse. Pour les effectifs, elle serait la première armée du monde avec deux millions d’hommes, contre 1,35 million d’hommes pour les États-Unis. Mais, alors que le budget chinois finance surtout des effectifs, le budget américain sert à acheter des armes de haute technologie auprès d’une industrie qui en a le quasi-monopole. Le budget militaire américain, avec plus de 800 milliards de dollars, est trois fois supérieur au budget militaire chinois. Côté puissance aérienne, l’armée de l’air des États-Unis dispose de 13 000 avions, parmi lesquels les plus modernes du monde. La Chine dispose, elle, de 2 500 aéronefs, de technologie limitée. Reste la marine que les derniers reportages ont mise en exergue. Le nombre de bâtiments chinois, 360, est effectivement supérieur aux 297 bâtiments américains. Mais tandis que la Chine fait flotter des patrouilleurs, les États-Unis ont onze porte-avions nucléaires capables d’embarquer des centaines d’aéronefs. Pékin ne possède que deux porte-avions, propulsés par des turbines à charbon, avec donc une autonomie et un rayon d’action bien moins importants. Enfin, côté armes nucléaires, les États-Unis possèdent le deuxième arsenal au monde après la Russie avec 5 800 ogives dont 1 400 prêtes à être lancées. La Chine occupe la quatrième position derrière la France, avec entre 200 et 1 000 ogives, dont 100 actives.
Les États-Unis disposent donc de divers avantages technologiques et financiers, et ils comptent bien garder une longueur d’avance, en témoigne le récent embargo américain sur les puces de haute technologie. L’armée chinoise, qui affirme vouloir devenir une force de combat moderne dans les six prochaines années, aura bien du mal à surmonter ce genre d’obstacle en si peu de temps.
L’armement ne fait pas tout. Ainsi l’impérialisme américain dispose de 800 bases déjà opérationnelles à travers le monde, avec 200 000 hommes, tandis que la Chine n’en a qu’une, à Djibouti. Et l’impérialisme américain peut aussi compter sur nombre d’alliés, comme l’Australie, le Japon, mais aussi de pays comme la France et le Royaume-Uni qui ne manqueraient pas de se joindre à lui dans le cas d’un conflit majeur.
À l’image de la Russie, la Chine est une puissance disposant d’un État suffisamment fort pour se développer en relative indépendance des États-Unis. La préoccupation de l’impérialisme américain est d’endiguer ce développement pour qu’il ne dépasse pas ce qui peut être acceptable et profitable pour la bourgeoisie américaine. C’est pour exercer cette pression politique et militaire que des navires américains, mais aussi français et anglais patrouillent régulièrement au large des côtes chinoises depuis 2015. Taïwan, dont les relations avec les États-Unis s’étaient distendues dans les années 1970 au profit du réchauffement avec Pékin, est de nouveau utilisé pour avertir les dirigeants chinois des limites à ne pas dépasser
Les dirigeants de l’impérialisme occidental ont besoin de présenter la Chine comme l’agresseur. Mais leur souci est d’abord d’assurer leur domination sur le monde et de préparer leur propre opinion à la guerre pour la défendre.