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- Lutte ouvrière n°2845
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Editorial
Faire reculer Macron, c’est possible !
Il n’y a aucun doute : l’opposition à la retraite à 64 ans est unanime dans le monde du travail. Non seulement les sondages la mesurent jour après jour, mais plus de deux millions de salariés l’ont exprimée en se mettant en grève et en descendant dans la rue, par trois fois, les 19 et 31 janvier, et le 7 février.
Qu’en dit Macron ? Que ce sera comme ça, et pas autrement ! Pour lanterner les travailleurs, Borne s’engage à faire « bouger » le texte à l’Assemblée. Ce qu’elle appelle « bouger » consiste à autoriser ceux qui ont commencé à travailler à 19 ou 20 ans à partir à la retraite dès qu’ils ont cotisé 43 annuités, c’est-à-dire avant leurs 64 ans. Et il faudrait dire merci ?
L’autre point est une avancée… en matière de diversion : l’index senior ne concernera plus seulement les entreprises de 300 salariés, mais celles de plus de 50 salariés. La belle affaire ! Comment continuer de soulever des charges ou serrer des vis quand le dos, les épaules et les articulations ne suivent plus ?
Ce n’est pas un index qui empêchera le grand patronat de se débarrasser des salariés devenus, à ses yeux, pas assez rentables, soit parce qu’ils sont usés physiquement et moralement, soit parce qu’ils sont mieux payés que les jeunes.
Le gouvernement se moque de nous. Il ne nous laisse pas le choix : si nous ne voulons pas crever au travail ou finir à Pôle emploi, il faut nous battre !
C’est la même chose pour les salaires, qui ne suivent pas la flambée des prix. Tant que l’on ne se bat pas, le patronat refuse de les augmenter, et on s’appauvrit. Et c’est ainsi pour tout. Pour se faire payer toutes nos heures, il faut nous battre. Pour que l’apprenti ou l’intérimaire soit embauché, il faut nous battre. Pour ne pas avoir à faire le travail de deux, il faut nous battre.
Tant que le grand patronat dominera, la lutte contre l’exploitation et contre les ravages de la loi du profit sur les hommes et la nature sera une nécessité. Aujourd’hui, nous sommes confrontés à une attaque contre nos retraites, mais demain, vu l’escalade guerrière en Ukraine, nous aurons peut-être à nous battre pour ne pas faire la guerre.
Dès maintenant, il est important de dire que nous ne serons pas les bons petits soldats de Macron et du grand patronat. Ni pour la retraite ni pour tous les autres sacrifices qu’ils veulent nous imposer. Alors, samedi 11 et jeudi 16 février encore, il faudra être le plus nombreux possible à dire que la coupe est pleine, en faisant grève et en manifestant !
Les 19 et 31 janvier, comme le 7 février, le monde du travail a démontré qu’il était capable d’agir et de s’exprimer d’une même voix. Les grèves ont touché un très grand nombre d’entreprises du privé ainsi que la fonction publique. Les cortèges ont été massifs. Dans des petites villes, des manifestations ont rassemblé jusqu’à 20 % de la population. Partout, les rangs se sont grossis de travailleuses et de travailleurs non syndiqués, manifestant pour la première fois de leur vie. C’est la preuve d’un mécontentement profond et partagé.
Le mécontentement a commencé à se transformer en une force collective, il faut continuer ! Nous pouvons gagner et faire reculer le gouvernement si nous parvenons à établir un véritable rapport de force en développant les grèves.
Les réactions du gouvernement le montrent : les journées de mobilisation ponctuelles ne suffiront pas. Macron et Borne sont prêts à affronter même la plus grande impopularité. Ce qu’ils craignent, et ce que redoute le Medef, c’est une grève qui prenne et dure dans un secteur, puis deux, puis trois… de sorte que cela paralyse une partie de l’économie et fasse perdre de l’argent à la bourgeoisie.
C’est ce qu’il s’est passé en 1995, avec la grève massive dans le secteur public contre le plan Juppé. Mais, même en 1995, pour étendre la grève, il avait fallu que les travailleurs les plus combatifs et déterminés convainquent les plus hésitants. Ce n’est qu’ensuite, en se lançant dans l’action et en mesurant, jour après jour, le nouveau rapport de force, que les travailleurs ont réalisé qu’ils pouvaient gagner.
C’est à cela qu’il faut nous préparer, en discutant et en réapprenant à nous organiser dans toutes les entreprises, dans tous les services, dans tous les ateliers. Aussi unitaires soient-ils, les appels des centrales syndicales ne sont rien si les travailleurs n’en font pas leur combat. Alors, profitons-en pour constituer des équipes de travailleurs combatifs capables d’entraîner les autres.Profitons de ces journées pour discuter entre nous, nous réunir en assemblées générales, formuler nos revendications, qui vont bien au-delà des retraites, et préparer la suite !