Syrie : la population livrée à elle-même15/02/20232023Journal/medias/journalnumero/images/2023/02/2846.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Syrie : la population livrée à elle-même

En Syrie, le bilan des victimes du tremblement de terre survenu le 6 février dans le nord-ouest du pays ne cesse de s’alourdir. Les blessés se comptent par milliers, et 2,5 millions d’enfants syriens seraient touchés selon l’Unicef.

Seuls, les habitants eux-mêmes sont intervenus ­immédiatement pour tenter de retrouver des survivants. À mains nues ou à l’aide d’outils rudimentaires, prenant des risques pour eux-mêmes, ils ont réussi à sortir vivantes des personnes coincées sous les décombres. Quant aux survivants, ils doivent tenter de tenir dans le froid, tenaillés pas la faim.

Cette catastrophe est survenue dans un pays déjà dévasté par plus de dix ans d’une guerre qui a opposé l’armée de Bachar al-Assad à des bandes armées, des milices de diverses obédiences. La région d’Idlib, particulièrement touchée par le séisme, où vivent plus de trois millions de personnes, en majorité des déplacés des zones de guerre, est tenue par une de ces milices toujours en guerre contre le régime syrien, une ancienne branche d’al-­Qaida en Syrie, Hayat ­Tahrir al-Cham. Une partie des régions kurdes est occupée par l’armée turque, pour qui la protection des populations est le dernier des soucis.

Bien avant le séisme, ­Idlib ne recevait déjà l’aide humanitaire qu’au compte-gouttes depuis la Turquie, par le seul point de passage de Bab al-Hawa. Mais les routes qui permettent d’y accéder, endommagées par le séisme, étant devenues impraticables, plus rien ne passe. Le pouvoir syrien a finalement autorisé l’ouverture, pour une période de trois mois, de deux nouveaux points de passage avec la Turquie en demandant en échange un allégement des sanctions américaines et européennes.

En fait, la population ne voit surtout venir aucune aide du côté des pays occidentaux. « Comment est-il possible que l’ONU ait envoyé à peine quatorze camions d’aide ? Nous n’avons rien reçu ici. Les gens sont dans la rue », déclarait un habitant d’Harem, une ville du nord de la Syrie. Les dirigeants européens, lors de la réunion de la Commission européenne du 8 février, soit deux jours après le séisme, se sont contentés de décider… d’accepter de fournir une aide à la Syrie, une aide que la population sinistrée attend encore.

Les États-Unis en sont également restés aux déclarations. Les sanctions imposées par les dirigeants américains et européens à l’encontre du régime seraient finalement allégées. Mais elles sont responsables depuis bien longtemps de l’aggravation de la situation dans ce pays qui s’enfonce dans la misère, où les structures hospitalières et les écoles sont à l’abandon et où le choléra est réapparu. Les dirigeants des pays impérialistes ne se soucient en fait pas plus du sort de la population syrienne que le régime lui-même.

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