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Dans les entreprises
Fonderie Lorraine : la grève paye
Mercredi 8 mars, les travailleurs de la Fonderie Lorraine à Grosbliederstroff, en Moselle, se sont mis en grève suite aux propositions de la direction d’une augmentation de 4 % assortie d’une prime de 450 euros dans le cadre des négociations annuelles.
Vu l’augmentation des prix, la proposition a été ressentie comme une provocation et la grève appelée par l’intersyndicale (FO, CGT, CFDT, CFTC, CFE-CGC) a été suivie par la grande majorité des travailleurs du poste de matin et poursuivie par l’ensemble des équipes, jusqu’en fin de poste d’après-midi, le jeudi 9 mars au soir.
L’entreprise, qui compte actuellement 380 travailleurs et une centaine d’intérimaires, fabrique des pièces en aluminium entrant dans la composition des boîtes de vitesses de BMW et des moteurs électriques de Mercedes. Autant dire que les profits record annoncés ces derniers jours par les constructeurs automobiles étaient dans toutes les têtes : 18,6 milliards d’euros pour BMW, en hausse de 50 % et 14,8 milliards d’euros, en hausse de 34 % pour Mercedes. Cela confortait les travailleurs de l’usine à demander leur dû aux deux équipementiers automobiles allemands, Voit Automotive et ZF, qui possèdent actuellement la Fonderie Lorraine et ne sont pas en reste en termes de résultats.
Après quelques heures de grève, la direction a dû revoir sa copie, augmentant la prime à 2 150 euros et proposant 30 euros brut d’augmentation des salaires. On était bien loin des 300 euros revendiqués par l’intersyndicale et l’appât d’une prime plus importante n’a pas fonctionné, certains travailleurs disant : « La prime c’est une fois et après plus rien. » Le directeur a eu beau pleurer, disant que, à Continental, un groupe bien plus riche, les travailleurs de la ville voisine de Sarreguemines ont obtenu bien moins, rien n’y a fait. C’est donc la direction allemande de ZF, qui a fini par se déplacer, concédant aux grévistes une augmentation de 150 euros brut avec effet rétroactif au 1er janvier 2023 ainsi qu’une prime de 1 500 euros. Pour les travailleurs, c’était la confirmation, comme cela se disait sur le piquet de grève, que « la direction du site n’a aucun pouvoir, ce sont les donneurs d’ordres, les actionnaires, qui ont l’argent et qui doivent venir négocier ».
Conscients que les prix vont continuer à flamber, les travailleurs ont également imposé une augmentation de 115 euros dès janvier 2024, à renégocier à la hausse si l’inflation en 2023 dépasse les 6 % ainsi qu’un engagement écrit sur le maintien du nombre d’emplois en CDI. Même si le compte n’y est pas complétement, ils ont repris avec le sentiment d’avoir fait plier le patron et se disent prêts à réutiliser dès qu’il le faudra l’arme de la grève, dont les deux jours seront payés.