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- Lutte ouvrière n°2851
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Editorial
La motion de censure des travailleurs, c’est la grève !
Jeudi 16 mars, le gouvernement a dégainé l’article 49.3 pour reculer l’âge de la retraite à 64 ans. Sans état d’âme, Macron a piétiné les millions de travailleurs qui s’y opposent depuis plus de deux mois. Alors oui, il y a de quoi être en colère !
Et il y a aussi de quoi être conforté dans la volonté de s’exprimer et de se battre. Car le recours au 49.3 est un aveu de faiblesse de la part de Macron. Il a été contraint de passer en force, parce que, malgré ses petits marchandages avec la droite, il n’a pas trouvé de majorité pour voter sa loi.
C’est un premier résultat des grèves et des manifestations. Les députés de droite qui manquaient à l’appel pour faire passer la loi n’ont pas été frappés par la grâce. Ils ont senti le souffle des manifestations qui se succèdent depuis plus de deux mois dans leur circonscription. Eh bien, il faut continuer en utilisant les armes des travailleurs : la grève et les manifestations !
Il n’y a rien à attendre du côté du Parlement. Après le vrai-faux suspense autour d’un vote en bonne et due forme à l’Assemblée nationale, il y a eu celui autour des motions de censure. Toute la journée, lundi 20 mars, les députés de la Nupes comme du RN ont fait croire que des députés de droite pouvaient jouer les sauveurs des travailleurs en votant la censure. Et ensuite, ce sera quoi ? Un suspense autour d’un référendum, peut-être organisé dans des mois ?
Ne nous laissons pas abuser par ces gesticulations politiciennes ! Depuis jeudi 16, les rassemblements se multiplient dans de nombreuses villes. Des secteurs qui étaient en grève l’ont reconduite. D’autres se sont remobilisés pour que la journée appelée par l’intersyndicale, jeudi 23 mars, soit la plus massive possible. Engageons-nous, plus nombreux encore, dans cette brèche !
La loi est adoptée, mais il dépend des travailleuses et des travailleurs qu’elle ne soit jamais appliquée. Et, au-delà de ce qui serait un premier revers pour Macron, ce serait pour tous un encouragement à se battre sur les salaires, les conditions de travail et contre tous les sacrifices que le gouvernement et le grand patronat ont imposés ces dernières années.
Car cette attaque des retraites en cache bien d’autres, tout aussi graves. Si les manifestations ont été aussi massives, c’est que la coupe est pleine. Elle l’est pour les jeunes, confrontés à la précarité. Elle l’est pour les plus âgés, cassés par le travail, et à qui on promet une pension de misère. Elle l’est pour tous les travailleurs, confrontés à l’explosion des prix de l’alimentation et de l’énergie.
La coupe est pleine pour tous ceux qui ont cru dans les promesses des politiciens annonçant des lendemains enchanteurs, alors que tout s’aggrave, en particulier la guerre économique qui fait craindre une troisième guerre mondiale. C’est un ras-le-bol général qui a commencé à s’exprimer au travers de la mobilisation sur les retraites.
Ensemble, nous représentons une force qui pèse sur le monde politique, la force de notre nombre. Mais c’est la grève qui lui donne tout son impact. Et lorsque nous trouverons la détermination pour nous y lancer, nous présenterons la note non seulement au gouvernement mais aussi au grand patronat.
Nous nous ferons véritablement craindre et respecter sur toutes nos revendications quand la grève s’étendra aux grandes entreprises privées et que la machine à profits se grippera. Nous inverserons le rapport de force quand le grand patronat sentira que les travailleurs ne sont plus prêts à obéir et à se taire.
Pour l’instant, seuls certains secteurs connaissent des grèves. C’est vrai dans le public, à la SNCF, à EDF ou dans l’Éducation nationale. Dans le privé, des travailleurs sont en grève dans les raffineries Total ou les incinérateurs qui dépendent de Suez.
Il a été dit que la grève des éboueurs à Paris s’expliquait par le fait que ce sont des agents publics. C’est un mensonge, car des éboueurs de l’entreprise privée Pizzorno sont aussi en grève, et c’est le cas d’autres entreprises de ramassage dans les régions. Preuve que le privé peut et doit prendre toute sa place.
Les éboueurs sont mal payés et méprisés, mais ils ont de l’énergie et de la dignité à revendre pour se faire respecter, et ils montrent l’exemple. Alors, dans le privé comme dans le public, montrons à la petite bande de privilégiés qui a les yeux rivés sur les cours boursiers qu’elle va devoir compter avec des travailleurs qui ont renoué avec la volonté d’agir collectivement !
Partout, discutons et organisons-nous pour rejoindre la grève ! Retrouvons-nous à des millions dans la rue ! Ce que le gouvernement fait, les travailleurs peuvent le défaire par la grève !