Rien n’a fonctionné, l’écrasante majorité des travailleurs continue de la rejeter. Macron et ses ministres tentent donc, en attendant la décision du Conseil constitutionnel, une nouvelle tactique, la diversion. Il s’agit désormais de parler et de faire parler d’autre chose, sous-entendant ainsi que l’affaire est close. Dans un genre classique, Borne a invité les représentants des partis et des syndicats à des rencontres dont l’ordre du jour est : tout ce que vous voulez, sauf le départ en retraite à 64 ans. Darmanin, dans le rôle convenu du premier flic de France, s’est lancé dans des délires sur l’ultragauche et des rodomontades gendarmesques. D’autres ont préféré un style plus léger, moins conventionnel. Dussopt, le ministre du Travail, a par exemple renseigné le public, qui n’en demandait pas tant, sur son orientation sexuelle. Marlène Schiappa, secrétaire d’État à la Solidarité, a quant à elle donné une interview et des photos, fort chastes il faut le reconnaître, à Playboy. Il ne faut pas accabler ces seconds couteaux froufroutants, car l’exemple vient d’en haut. Le président de la République lui-même avait donné le ton en confiant à Pif gadget son amour des haricots sauteurs mexicains, qui ont fait la réputation de ce magazine.

Enfin, Macron a reçu opportunément le rapport de la convention citoyenne sur la fin de vie, saisissant l’occasion de parler de modèle français en la matière et de montrer une fois de plus sa capacité à faire de la mousse avec de l’air. Mais ce qui peut réussir pour monter une chantilly est indécent dans certains cas et inopérant pour distraire les travailleurs des vrais problèmes, les retraites, les salaires, le bras de fer engagé avec ce gouvernement.