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guerre au moyen-orient
Cisjordanie : l’autre prison du peuple palestinien
Au moins 56 Palestiniens ont été tués et des centaines blessés en Cisjordanie par des soldats israéliens ou des attaques de colons depuis les massacres commis par le Hamas en Israël le 7 octobre. L’année 2022 avait été la plus meurtrière depuis quinze ans pour les Palestiniens de Cisjordanie ; 2023 sera pire.
D’une superficie équivalente au département de l’Oise, avec 2,8 millions d’habitants séparés d’une centaine de kilomètres de la bande de Gaza, la Cisjordanie est depuis 1993 officiellement administrée à 18 % par l’Autorité palestinienne, à 22 % par une administration conjointe israélienne et palestinienne et à 60 % par Israël. Elle reste un territoire occupé, où les opérations militaires israéliennes n’ont jamais cessé, même dans la zone censée être administrée par l’Autorité palestinienne. Ce fut le cas en juin dernier quand des soldats israéliens ont investi la ville de Jénine, tuant six personnes, dont un enfant de 15 ans, et en blessant 90.
La répression contre les Palestiniens de Cisjordanie s’est accentuée avec la formation en décembre dernier du gouvernement Netanyahou. Le ministre des Finances, Bezalel Smotrich, figure du Parti sioniste religieux, est lui-même habitant d’une colonie en Cisjordanie, comme l’est Itamar Ben Gvir, ministre de la Sécurité nationale et dirigeant du parti d’extrême droite Pouvoir juif. La violence de l’armée israélienne est inséparable de l’accélération de la colonisation de la Cisjordanie par des Juifs israéliens.
En une dizaine d’années, le nombre de colons installés en Cisjordanie a augmenté de 40 %, pour s’élever à un peu plus de 440 000 désormais. Il faut ajouter les plus de 230 000 habitants des colonies créées à Jérusalem-Est. Ces installations se font aux dépens des Palestiniens, parfois simplement chassés de leurs terres ou de leur habitation. La tension est d’autant plus forte que beaucoup de ces colons sont des militants animés d’idées messianiques, armés et prêts à se lancer en toute impunité dans des opérations s’apparentant à des pogroms antipalestiniens, comme ce fut le cas dans un village près de Naplouse, en février dernier. En réplique, en Cisjordanie comme à Jérusalem-Est, le nombre de Juifs tués ou les attentats contre des soldats israéliens a aussi augmenté ces deux dernières années.
Depuis le 7 octobre, la Cisjordanie est totalement bouclée, y compris la frontière avec la Jordanie, les accès aux principales villes et aux camps de réfugiés limités et contrôlés soit par l’armée israélienne, soit par les policiers de l’Autorité palestinienne, soit par les deux. Des manifestations de soutien aux Palestiniens de Gaza ont eu lieu le 13 octobre, décrété « jour de colère », et les tirs à balles réelles de l’armée israélienne ont fait des ravages contre des jeunes armés de frondes. Les manifestations ont été encore plus massives le 17 octobre, à la nouvelle du bombardement d’un des hôpitaux de Gaza. Ce régime carcéral et cette répression brutale auxquels sont soumis les Palestiniens de Cisjordanie entraîneront inévitablement de nouvelles explosions de colère.