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Médicaments antirhume : interdiction tardive
L’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) vient de recommander fermement de ne plus utiliser les médicaments antirhume vendus sans ordonnance en pharmacie, comme Humex, Actifed, Dolirhume, Rhinadvil ou encore Nurofen rhume.
« Ne les utilisez plus », demande la directrice de l’ANSM qui pointe du doigt les risques d’effets secondaires graves pouvant provenir de ces médicaments, comme des infarctus du myocarde ou des accidents vasculaires cérébraux. Le risque existe, même s’il est très faible, puisque de 2012 à 2018 on a relevé 307 cas graves pour des produits vendus par millions de boîtes. Les effets secondaires peuvent survenir quelles que soient la dose et la durée du traitement alors que ces médicaments sont utilisés pour une pathologie, le rhume, qui guérit spontanément en sept à dix jours.
Les risques liés aux antirhume sont connus de longue date et des mesures avaient été prises pour réduire leur utilisation. En 2017, toute publicité avait été interdite et des communications faites en 2020 pour que les pharmaciens conseillent aux malades d’y renoncer. De fait leur utilisation a diminué fortement, passant de 16 millions de boîtes en 2010 à 3 millions en 2021.
Aujourd’hui, l’ANSM ne fait finalement que reprendre à son compte les recommandations de l’Union européenne, qui a décidé de réévaluer en février 2023 cette gamme de médicaments pour présenter ses conclusions en fin d’année. En prenant en quelque sorte les devants par rapport à l’Europe, l’ANSM pourra donc se targuer de mériter le « S » de Sécurité de son sigle. Cela ne fera pas oublier qu’en matière de sécurité des médicaments, bien des scandales sanitaires ont démontré que les laboratoires ont le bras long et sont capables de faire reculer pour longtemps, voire indéfiniment, des décisions pourtant simples à prendre comme le retrait de produits dangereux. C’est encore ce qui se passe avec les antirhume.