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Asie centrale : Macron au service des grands groupes français
Macron s’est rendu début novembre au Kazakhstan et en Ouzbékistan, deux ex-républiques soviétiques d’Asie centrale. Selon un communiqué de l’Élysée : « la France [veut] accompagner ces deux pays dans leurs efforts de réforme et de modernisation ». En fait d’accompagnement, Macron avait annoncé la couleur en emmenant 60 chefs d’entreprise.
En effet, le but évident de ce voyage était de favoriser des affaires qui vont déjà bon train dans la région. Depuis qu’elle s’est ouverte aux investissements étrangers, des firmes françaises ont déjà exporté 18,7 milliards de dollars de capitaux au Kazakhstan. Cet immense pays est ainsi devenu le premier partenaire commercial régional de la France. Quant à l’Ouzbékistan, un pays de 35 millions d’habitants à propos duquel le MOCI (Moniteur du Commerce international) avait titré récemment qu’il est un « Nouvel Eldorado pour les entreprises françaises », 30 des plus grandes d’entre elles s’y sont implantées depuis 2017. Au menu du voyage de Macron à Tachkent, il y avait donc un échange d’accords commerciaux et industriels, ainsi qu’un forum d’affaires franco-ouzbek. Le géant français de l’uranium Orano (ex-Areva) y a obtenu de pouvoir développer ses activités extractives. Quant à Veolia et Suez, qui ont déjà le marché du chauffage urbain et de l’assainissement de l’eau de Tachkent, ils ont encore accru leur implantation.
Le Kazakhstan, lui, est un super-eldorado pour les 170 sociétés françaises (chiffre de 2022) qui y opèrent. Et ce ne sont pas des PME ! Arrivé l’un des premiers, TotalEnergies lorgnait bien sûr le sous-sol de ce pays riche en hydrocarbures. Cette fois, il a conclu un contrat de parc éolien géant. Orano, qui y a créé dès 1996 la coentreprise Kazatomprom y exploite la plus grande mine d’uranium du monde. Elle fournit la majorité du combustible des centrales nucléaires en France. ADP (Aéroports de Paris) a acquis l’aéroport d’Almaty, la capitale économique du Kazakhstan, il y a deux ans. Alstom (matériel ferroviaire), Danone et Lactalis (agroalimentaire) sont également bien placés, comme Decathlon et Leroy-Merlin dans la grande distribution. Et des firmes d’aéronautique et d’armement sont aussi présentes ou veulent se placer, laisse entendre l’Élysée.
Macron s’est donc employé à agrandir la part de gâteau des capitalistes français dans ce coin du monde qui leur semble d’autant plus prometteur que la Russie, engluée en Ukraine, n’a plus trop les moyens d’empêcher que ces morceaux de son ancien pré carré prennent leurs distances.
La prétendue « dynamique des réformes » dont Macron se gargarise, c’est le flot de profits qu’assurent aux capitalistes occidentaux ces dictatures jamais avares du sang de leur population et de leurs prolétaires. Il y a un an et demi, le régime ouzbek a ainsi fait tirer sur une des rares manifestations qu’il n’avait pu empêcher, tuant 22 personnes. Quant à son homologue kazakh, on ne connaît pas le bilan réel de sa répression, aidée par les tanks de Poutine, des grèves ouvrières et manifestations de janvier 2022, mais elle a fait le bonheur des Total, Exxon et compagnie.