Israël-Palestine : une trêve, mais pas la fin de la guerre29/11/20232023Journal/medias/journalnumero/images/2023/11/2887.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Israël-Palestine : une trêve, mais pas la fin de la guerre

La trêve conclue entre Israël et le Hamas, d’une durée initiale de quatre jours, a été prolongée jusqu’au jeudi 30 novembre, à 7 heures du matin.

Selon l’accord négocié sous l’égide du Qatar, avec l’appui de l’Égypte et des États-Unis, elle devait permettre l’échange de cinquante otages, exclusivement des femmes et des enfants, contre cent cinquante femmes et mineurs détenus dans les prisons israéliennes et l’arrivée d’aide humanitaire à Gaza. Au-delà de cette première prolongation, le Premier ministre israélien a évoqué le fait que chaque libération supplémentaire d’un groupe de dix personnes par le Hamas pourrait permettre en retour un jour de trêve supplémentaire.

Dimanche 26 novembre, lors d’une visite aux troupes israéliennes dans la bande de Gaza, Netanyahou a affiché une attitude martiale, casqué et portant un gilet pare-balles. Déclarant qu’il était déterminé à « éliminer le Hamas » et à continuer la guerre « jusqu’au bout, jusqu’à la victoire », il a conclu tout de même son intervention en souhaitant une « trêve plus longue ».

Le double langage de Netanyahou est le reflet de pressions contradictoires. Celles des États-Unis ont certainement joué un rôle important pour aboutir à l’accord et à la prolongation de la trêve. Le porte-parole du Conseil de sécurité nationale des États-Unis, John Kirby, a déclaré que Washington « souhaiterait bien sûr que la pause soit prolongée davantage ». Mais, tout en exprimant ce vœu, il s’est contenté de demander que les futures opérations militaires israéliennes soient menées « de la manière la plus discrète, délibérée, prudente et attentive possible ». Autant dire que les dirigeants américains ne feront rien pour contraindre réellement le gouvernement israélien à mettre fin à la guerre à Gaza.

Netanyahou subit aussi des pressions venant de sa propre population. Depuis plusieurs semaines, la place du Musée d’art de Tel-Aviv, rebaptisée place des Otages, est devenue le centre de rassemblement de milliers d’Israéliens venant à la fois affirmer leur soutien aux proches des captifs et exiger du gouvernement qu’il se fixe prioritairement l’objectif d’obtenir leur libération. Samedi 25 novembre, une manifestation a rassemblé des dizaines de milliers de personnes, dont une partie a demandé à cette occasion la démission de ­Netanyahou. Une partie de l’opinion publique israélienne exprime en effet sa méfiance à l’égard du Premier ministre et de sa façon de mener la guerre, en mettant en danger la vie des otages. Le fait que même un des ministres d’extrême droite de Netanyahou, Bezalel Smotrich, se soit exprimé en faveur de l’accord avec le Hamas témoigne de la force de ce courant au sein de la population israélienne.

S’opposant à cette mobilisation, la frange des mouvements ultranationalistes juifs, la plus liée aux colons de Cisjordanie, se fait entendre avec virulence. S’en faisant le porte-parole, Itamar Ben Gvir, ministre de la Sécurité nationale et dirigeant du parti d’extrême droite Puissance juive, a rejeté l’accord d’échange avec le Hamas, qualifié de « désastre ».

Ces oppositions reflètent l’impasse dans laquelle se retrouve toute la société israélienne, du fait des politiques menées par Netanyahou, mais aussi par tous ses prédécesseurs depuis 75 ans, consistant à nier le droit des Palestiniens à une existence nationale, à les spolier de leurs terres en développant la colonisation, à les humilier par des mesures discriminatoires. La population israélienne en paye elle aussi chèrement le prix, se retrouvant condamnée à vivre en état de siège permanent, avec une extrême droite de plus en plus menaçante, et à mener régulièrement des guerres destructrices qui ne font que préparer les suivantes.

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