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Leur société
Dassault : des ventes d’armes bien arrosées
Le gouvernement du Premier ministre indien, Modi, a refusé le 14 décembre d’exécuter la demande d’entraide de juges français. Ceux-ci enquêtent actuellement sur des faits de corruption concernant la vente en 2016 de 36 avions Rafale pour 7,8 milliards d’euros.
Selon le PDG de Dassault, Éric Trappier, l’Inde s’apprêterait à passer une nouvelle commande concernant des Rafale marine. Ce n’est donc pas le moment de faire des vagues ni de gâcher les bonnes affaires des uns et des autres. On peut parier que l’enquête risque de s’enliser rapidement, comme les précédentes déclenchées elles aussi depuis 2021 à l’initiative de l’ONG Sherpa qui lutte contre la corruption.
Il n’aurait pas fallu non plus gâcher le Noël de la famille Dassault, principale actionnaire de l’entreprise, surtout après l’annonce faite par Trappier début décembre, qui affichait sa satisfaction devant les commandes de l’avion : quelque 500 Rafale ont été vendus, notamment, soulignait-il, du fait de « l’environnement géopolitique », autrement dit des tensions internationales actuelles, qui font le beurre des Dassault, Thales, Safran, etc.
Certes, toutes les commandes n’ont pas été finalisées à ce jour, mais Macron est là pour faire le commis voyageur de l’entreprise, de l’Inde à l’Ouzbekistan et de l’Arabie saoudite au Qatar. Certes aussi, tout l’argent des Rafale, dont le prix varie entre 68 et 78 millions d’euros pièce, ne rentre pas dans les coffres de Dassault, qui se partage le magot avec les autres entreprises concernées par leur fabrication. Mais cela n’empêche pas que ses profits se chiffrent en milliards.
Le Rafale aura tout de même été, durant plus de trois décennies, à la charge unique de l’État français, « le meilleur avion du monde » ne trouvant alors aucun preneur en dehors de l’Hexagone. La famille Dassault peut compter sur son lien fusionnel avec l’État, lequel lui a permis, avec l’argent public, de financer les études, les projets, les prototypes et les commandes de ses différents engins de mort.
Ce n’est pas d’hier que l’État français finance le groupe Dassault. En cette année 2023, il a passé commande pour 43 Rafale, ce qui s’ajoute au versement de quelque 17 milliards de subventions pour cet avion, ainsi qu’au 1,6 milliard pour le futur chasseur bombardier SCAF, un projet mené en commun avec l’Allemagne et l’Espagne, dont Dassault a obtenu la maîtrise d’œuvre.
En Inde comme en France, les travailleurs subissent le parasitisme d’une poignée de profiteurs. La population indienne, l’une des plus démunies au monde, aurait des besoins bien plus élémentaires à satisfaire que de voir l’État équipé en Rafale. Et en France, à un autre niveau sans doute, ce sont les services publics élémentaires qui souffrent de coupes effectuées dans leurs budgets pour engraisser, en ruinant la société, ces marchands d’armes et leurs serviteurs.