L’entrepôt logistique de Vélizy, dans les Yvelines, ouvert en 2018 et où je travaille, réceptionne et trie des produits qui ont été empaquetés dans les centres Amazon du pays.

L’équipe de nuit s’occupe de répartir les colis dans différentes allées et sur des étagères. Les plus gros pèsent parfois 20 kg et même si Amazon, pour se décharger en cas d’accident, met l’accent sur la sécurité, et si on est censés porter ces colis à deux (c’est le « team lift », il y a des mots anglais pour tout !), en fait on doit parfois soulever seul de lourds colis. L’équipe du matin termine le tri, puis doit placer sacs et colis sur des chariots. Un terminal mobile accroché au bras assigne des routes à chaque travailleur (le traçage est informatisé). Enfin, des livreurs viennent chercher ces colis pour faire la distribution.

Ces derniers mois, pour le « peak » de fin d’année, de nombreux agents de tri intérimaires ont rejoint les équipes. Au total, nous avons été jusqu’à 250. Peu avant Noël, lors du pic d’activité, notre centre a atteint un record national avec plus de 102 000 colis passés en 24 heures.

L’ambiance est déjà spéciale lorsque des chefs s’emparent du micro de l’entrepôt pour faire entendre à tout le monde qu’on ne va pas assez vite, ou pour nous annoncer le classement des équipes les plus rapides. Mais le jour du record, on se serait cru au cirque : ils nous haranguaient pour nous encourager à garder les cadences augmentées, nous remerciaient, ou demandaient à ce qu’on s’applaudisse. Nous avons même eu la visite surprise de la mascotte d’Amazon au milieu des allées surchargées de chariots, en plein afflux de colis. Et ce n’est pas tout : après du poulet braisé quelques jours plus tôt, la direction nous a offert des pizzas à la pause. Ce « généreux » geste nous a bien fait rire vu le ridicule de la situation.

Les chiffres record ne se trouvent finalement pas que dans le nombre de colis passés sur notre plateforme : le bénéfice net trimestriel d’Amazon a triplé en un an. Et sous la pression de ces dernières semaines, les accidents de travail ont augmenté dans tous les entrepôts. On va bientôt sortir du boulot avec des « pièces manquantes » !