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Dans le monde
Éthiopie : guerre, famine et exploitation
Plus de 800 personnes sont déjà mortes de faim ces deux derniers mois en Éthiopie, dans le Tigré, une région de 6 millions d’habitants qui a été ravagée par deux ans de guerre entre ses forces de libération et l’armée éthiopienne.
La guerre est officiellement terminée depuis un an, après avoir fait 600 000 morts. Un million de déplacés des zones de combat végètent dans des camps où ils ne peuvent ni travailler et gagner leur vie, ni regagner leurs terres car dans les faits la guerre continue.
Parallèlement, 100 000 Somaliens d’une région qui s’est proclamée indépendante, le Somaliland, ont traversé la frontière pour fuir les affrontements entre les troupes locales favorables à la séparation et celles qui défendent le pouvoir central. Ils ont rejoint une zone elle aussi menacée par la famine. Le Somaliland, qui a imposé son existence depuis 1991, essaye d’obtenir un début de reconnaissance après avoir négocié un accord avec l’Éthiopie, devenue l’Eldorado des trusts, en particulier du textile, pour ses bas salaires et ses ouvrières considérées comme dociles. L’Éthiopie, qui n’a plus de façade maritime depuis l’indépendance de l’Érythrée, aurait ainsi accès à 20 km de côte et au port de Berbera sur la mer Rouge pendant cinquante ans.
Le développement économique de l’Éthiopie s’accompagne de constructions plus ou moins pharaoniques, à l’initiative du président et de la bourgeoisie, et au détriment de la population que le pouvoir expulse et prive de revenu. Dans un pays qui rassemble 24 ethnies dont les politiciens exacerbent les éventuelles tensions pour s’assurer une place, les motifs de conflits territoriaux, ethniques et sociaux s’accumulent. Ce nouvel accord ne risque pas de résoudre les problèmes. Il est contesté par la Somalie. Et si, pour l’instant, chacun des protagonistes dit vouloir régler diplomatiquement cette question, elle porte en germe la possibilité d’une nouvelle escalade guerrière.
D’ores et déjà, des millions d’hommes et de femmes ne survivent que grâce à l’aide alimentaire distribuée par les organisations internationales. Or celles-ci ont arrêté pendant plusieurs mois cette distribution, car une grande partie de l’aide était détournée par le pouvoir central. Les livraisons viennent de reprendre partiellement en décembre 2023.
La région est frappée de plein fouet par les conséquences du réchauffement climatique, avec des périodes de sécheresse de plus en plus longues et des épisodes d’inondations meurtriers, comme en novembre 2023. L’incurie de l’État, la corruption, le manque d’infrastructures et les guerres se traduisent pour la population par une situation de plus en plus dramatique.