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Leur société
A69 : sortie de route pour les bétonneurs
Jeudi 27 février, le tribunal administratif de Toulouse a donné raison aux opposants au projet d’autoroute A69, censée relier Toulouse et Castres, et a annulé l’arrêté préfectoral autorisant le chantier.
La construction de ce nouvel axe autoroutier de 53 kilomètres suscite une forte opposition depuis des années, car une nationale permet déjà de rejoindre Toulouse depuis Castres en 1 h 10 : l’autoroute n’aurait permis de gagner que 20 minutes, au prix d’environ 7 euros de péage et pour un coût total de 450 millions d’euros. Cela fait cher la minute, sans parler des conséquences environnementales !
Le tribunal a donc considéré qu’il n’y avait pas de nécessité impérieuse de mener ces travaux, d’autant que Castres dispose déjà d’une gare et d’un aéroport. Du PS au RN, la plupart des politiciens locaux n’en prétendent pas moins qu’il serait indispensable de « désenclaver » la région. En fait, ce projet est surtout l’enfant chéri de Pierre Fabre, fondateur du laboratoire pharmaceutique du même nom situé à Castres et qui a passé les 15 dernières années de sa vie à en faire la promotion auprès de tout ce que son carnet d’adresses comptait de notables, de ministres et de présidents de la République.
Les représentants du groupe, qui emploie 5 300 salariés en France et dont le chiffre d’affaires de 2,8 milliards d’euros a augmenté de 5,9 % entre 2022 et 2023, menacent de déménager si les pouvoirs publics ne cèdent pas au caprice de leur père fondateur. Ils assurent que leur chiffre d’affaires aurait pu croître de 5 % par an supplémentaire grâce à cette autoroute.
D’après une annexe du contrat de concession autoroutier à l’entreprise Atosca – annexe protégée par le secret des affaires mais consultée par le journal Le Monde – le groupe Pierre Fabre aurait participé au montage financier de l’A69, via un collectif d’entreprises locales (Tarn Sud Développement, ex-Opale Invest) ayant investi dans un fonds luxembourgeois, actionnaire d’Atosca.
Pour tenter de faire pencher la balance, six jours avant l’audience, les pouvoirs publics ont promis une subvention de 42,5 millions d’euros pour faire passer de 3,9 à 2,6 euros le tarif d’une partie du tronçon. Après l’échec de cette dernière manœuvre financée par l’argent du contribuable, l’État s’apprêterait à faire appel en s’appuyant sur le fait que les deux tiers des travaux sont déjà réalisés, le chantier ayant démarré malgré les procédures en cours et les nombreuses manifestations menées contre le projet.
Ce ne sont pourtant pas les routes ni les infrastructures à entretenir qui manquent dans le pays, mais ce n’est pas ce qui préoccupe les grandes fortunes comme la famille Fabre et la valetaille politicienne à leur service.