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- Lutte ouvrière n°2994
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Algérie : face à la répression, les cheminots mobilisés
Mercredi 26 novembre, en Algérie, une grève des personnels roulants de la SNTF (Société nationale des transports ferroviaires), partie de la base, s’est étendue à l’ensemble du réseau national, paralysant tout le trafic.
Les roulants ont exprimé avec vigueur la colère qui anime tous les cheminots après les promesses non tenues de la direction d’augmenter les salaires.
Ces promesses avaient été faites en juillet suite à l’appel à la grève lancé par Saïd Lounis, secrétaire de la fédération nationale des cheminots. Ce dernier avait alors été aussitôt arrêté et condamné à deux ans de prison pour « atteinte à l’ordre public ». C’est aussi contre ce climat répressif, la multiplication des sanctions et l’autoritarisme de la direction, que les roulants ont arrêté le travail.
Depuis des années, faute de moyens et d’entretien, le matériel et le réseau ferré algérien se dégradent, et les incidents se multiplient. La direction en fait porter la responsabilité aux cheminots, qui sont traités de saboteurs, voire de criminels. Une centaine d’entre eux ont ainsi été suspendus. Aussi, en plus des augmentations de salaire, les cheminots exigent la réintégration de Saïd Lounis, qui a été libéré après cinq mois de prison et celle de tous leurs camarades suspendus.
Le 26 novembre, face au succès de la grève, le ministre des Transports promettait d’ouvrir un dialogue, mais le lendemain une dizaine de grévistes étaient arrêtés ainsi que le nouveau responsable de la fédération des cheminots, qui se défend d’être à l’origine de la grève. On lui reproche sans doute de ne pas avoir réussi à l’empêcher et d’avoir relayé les revendications des travailleurs. Une pétition exigeant la libération de leurs camarades a été massivement signée par les cheminots. Ce cours répressif illustre combien les autorités craignent que la combativité des cheminots soit contagieuse. Partout dans le pays des travailleurs ne se résignent pas à leur sort, et pourraient leur emboîter le pas. C’est pourquoi le régime réprime par anticipation.
Le président Abdelmadjid Tebboune, qui se vante de la réussite économique du pays ainsi que de sa puissance militaire, n’a pas d’autre réponse à offrir à une population qui en fait s’enfonce dans la misère. Il a fait adopter un budget militaire de 25 milliards de dollars mais les services publics sont à l’abandon et les infrastructures de transport sont dans un état lamentable. Une situation qui pourrit le quotidien des classes populaires et qui nourrit la colère.