Pour réaliser ce miracle, la famille Mulliez a profité d’une ordonnance gouvernementale publiée dans la foulée de la première vague de Covid, autorisant un propriétaire à déclarer une entreprise en faillite avant de pouvoir la racheter lui-même. Cette mesure était tellement crapuleuse qu’elle a ensuite été abrogée. Mais les milliardaires de la grande distribution avaient eu le temps d’en profiter.

Les Mulliez ont ainsi fait disparaître la dette de 180 millions d’euros d’Alinea, qu’ils ont ensuite racheté pour seulement 62 millions, récupérant donc au passage 118 millions d’euros. Mais ce n’est pas tout. Les prétendues pertes d’Alinea avaient été sciemment planifiées au préalable. En 2017, la famille Mulliez avait cédé les murs d’une partie des magasins Alinea à une autre entreprise lui appartenant. Alinea se retrouvait donc locataire et payait des loyers – qui ont constitué une partie des 180 millions de dette – à une autre entreprise Mulliez, pour qui c’était une recette !

Au total, dans cette opération, dix-sept des vingt- six magasins Alinea furent fermés et près de mille salariés licenciés. L’ordonnance n’obligeait évidemment pas l’entreprise à les reclasser, alors même que la galaxie Mulliez dispose d’une myriade d’autres enseignes avec des postes équivalents.

On se demande pourquoi les patrons ne veulent pas du contrôle des travailleurs sur les comptabilités réelles des entreprises !