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Leur société
Assurance chômage : allocataires en ligne de mire
Le gouvernement vient de suspendre jusqu’à fin janvier le projet de réforme de l’assurance chômage qui visait à économiser de 2 à 2,5 milliards d’euros par an sur l’indemnisation des chômeurs.
Cette suspension, concédée aux directions syndicales, n’est qu’un délai de grâce. Certains syndicats présentent ce geste comme une victoire, il apparaît surtout comme une manœuvre du gouvernement pour aboutir à une nouvelle attaque féroce contre les chômeurs. En effet, il attend que les syndicats et le patronat se mettent d’accord d’ici fin janvier pour réduire eux-mêmes, d’au moins 400 millions d’euros par an, les indemnités touchées par les chômeurs dans le cas d’une rupture conventionnelle ou d’un contrat court.
400 millions c’est « moins pire » que 2,5 milliards. C’est ce qui fait dire au secrétaire confédéral de Force ouvrière qu’il s’agit d’une « victoire ». Son homologue de la CGT est moins fanfaron mais prétend malgré tout que les confédérations syndicales ont « réussi à empêcher » le projet du gouvernement.
Or, ce n’est pas vrai. Le représentant du syndicat patronal des petites entreprises U2P, pourtant un des représentants patronaux ayant le plus collaboré avec les syndicats sur cette affaire, a lui-même déclaré que 400 millions demandés aux chômeurs étaient « le minimum du minimum ».
Quant au Medef, il est carrément contre cette suspension car elle va « complètement à contresens de la valeur travail et de cette impérieuse nécessité de travailler plus », a dit son dirigeant Patrick Martin. Or le Medef, par son poids dans les négociations sur l’assurance chômage, a à lui seul un droit de veto et peut s’opposer à tout nouvel accord. Pour finir, il n’a même pas encore confirmé qu’il participerait à ces nouvelles négociations.
Il est donc très probable que le gouvernement, après avoir laissé les directions syndicales palabrer sans succès, reprenne la main fin janvier et réimpose son projet initial.