Autoentrepreneurs, petits patrons : victimes de la crise12/03/20252025Journal/medias/journalarticle/images/2025/03/P5-1_Livreur_OK_Lupo.jpg.420x236_q85_box-0%2C146%2C548%2C454_crop_detail.jpg

Leur société

Autoentrepreneurs, petits patrons : victimes de la crise

Selon la Banque de France, le nombre de faillites de petites entreprises ne cesse d’augmenter. En hausse de 18 % par rapport à 2023, 65 764 ont été recensées en 2024.

Illustration - victimes de la crise

Le remboursement des dettes Covid peut jouer un rôle amplificateur, mais c’est surtout l’enlisement général de l’économie qui est à la base des liquidations. « Si le consommateur ne va pas dans le magasin, le commerçant n’achète pas chez le grossiste, lequel ne va pas chez les fabricants. Vous avez un effet domino », dit une des études sur les défaillances d’entreprise.

Les salariés des entreprises liquidées en font les frais sous forme de licenciements. Mais cette violence sociale touche aussi des travailleurs à leur compte. Dans 19 cas sur 20, les faillites d’entreprises concernent des autoentrepreneurs. Ce statut, créé en 2008 sous le gouvernement Fillon, avait pour vocation d’« exalter l’esprit d’entreprise ». Novelli, secrétaire d’État chargé du projet de loi, prétendait : « Cela abolit, d’une certaine manière, la lutte des classes. Il n’y a plus d’exploiteurs et d’exploités. Seulement des entrepreneurs : Marx doit s’en retourner dans sa tombe. »

C’est tout l’inverse. Le régime d’autoentrepreneur aide les grands groupes à s’affranchir du droit du travail et de la règlementation sociale. Cela accentue la précarité et l’exploitation. L’utilisation, en lieu et place de salariés, de travailleurs dits indépendants s’est généralisée dans de nombreux secteurs comme la livraison, le bâtiment, le transport, les services à la personne, pour le compte de plateformes comme Uber ou Deliveroo. Des caissières de Monoprix sont aussi embauchées sous ce statut ou des maîtres-nageurs dits indépendants chargés de la surveillance des piscines. Évidemment, leur seule « indépendance » consiste à devoir faire souvent bien plus de 35 heures pour toucher l’équivalent d’un smic et à se faire licencier du jour au lendemain et sans pouvoir bénéficier d’une assurance- chômage dans la plupart des cas. Cette précarité institutionnalisée alimente par mille ruisseaux les profits des multinationales.

Quel que soit leur statut, tous ceux, salariés, artisans, commerçants, autoentrepreneurs, qui vivent non de leur capital mais de leur travail, ne forment qu’une seule classe ouvrière. « Contraints de se vendre au jour le jour, ils sont une marchandise, un article de commerce comme un autre ; ils sont exposés, par conséquent, à toutes les vicissitudes de la concurrence, à toutes les fluctuations du marché. » Ce sont les mots de Marx en 1848 dans le Manifeste du Parti communiste. Et ils sont parfaitement d’actualité.

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